Abus 1461 Eau en Ile-de-France (suite) L’audit qui dénonce les ruisselants profits d’un marchand d’eau

09/07/2008 Actions Action

RC Abus n°1461: 09 07 08/©
Eau en Ile-de-France (suite)
L’audit qui dénonce les ruisselants profits d’un marchand d’eau
 

 
Dans notre abus numéro 1455 nous avons donné des chiffres inquiétants concernant le prix de l’eau en Ile-de-France (hors Paris), prix de l’eau pratiqué par le SEDIF (Syndicat des Eaux d’Ile de France) présidé par André SANTINI.
Un long article du CANARD ENCHAINÉ revient sur ces problèmes et annonce de nouvelles révélations de l’association Que-Choisir qui permettent de mieux comprendre ces… débordements.
« André SANTINI, secrétaire d'Etat à la Fonction publique, est un grand amateur de plaisanteries, mais certaines histoires d'eau lui font perdre tout humour.
Défenseur acharné de la gestion privée de la flotte, le patron de l'énorme Syndicat des eaux d'Ile-de-Françe (le Sedif, 144 communes et 4 millions d'habitants desservis) a failli avaler son cigare en recevant, début juin, une enquête - la troisième en deux ans - de l'association UFC-Que choisir, qui devrait la rendre publique en septembre.
Preuves à l'appui, l'étude conclut que la société Veolia, auquel le Sedif a délégué la production et la distribution de l'eau des 144 communes, réalise des profits débordants (sans équivalent dans l'Hexagone) sur le dos des Franciliens. Et que 30 % des charges que le groupe facture au Syndicat des eaux- soit 91 millions d'euros - sont par­faitement contestables.
Jusqu'à plus soif.
Pour devancer les accusations de partialité, l'association s'est appuyée sur plusieurs rapports de la Cour des comptes, des enquêtes de l'Insee, des études du ministère de l'Ecologie et... sur les propres chiffres de Veolia que le Sedif avait communiqués à l’UFC-Que choisir, en février dernier, lorsque le syndicat contestait la précédente enquête sur son compte.
L'association de consommateurs a aussi déniché une récente note d'analyse financière, rédigée, le 20 mai dernier, par des experts du Crédit agricole, sur Veolia. « Le président du syndicat qui dirige l'activité (du Sedif) est un homme politique favorable aux groupes privés indique cette note, dans le style très Wall Street. « Fat râblé » est bien le mot : le contrat Sedif présente un taux de rentabilité trois à quatre fois supérieur à celui de Veolia ! Une vraie « vache à lait » pour groupe, commente l'UFC-Que choisir.                    
Premier poste de dépenses étudiesé, le coût d'entretien du réseau. Selon un récent document de référence du ministère de l'Ecologie, et compte tenu du nombre de kilomètres de tuyaux, la facture devrait avoisiner les 12 millions. Or elle dépasse... 75 millions. L'association admet que les estimations ministérielles sont un peu chiches et qu'il faut mieux prendre en considération l'entretien des compteurs. Mais le super-bénéfice réalisé sur ce poste, conclut-elle, atteint aisément 40 millions.
L'enquête signale aussi toute une série de dépenses affichées par Veolia, alors que le syndicat des eaux prévoit lui aussi un budget spécifique pour ces mêmes frais. Une sorte de double peine pour l'usager. Ainsi, le marchand d'eau annonce 1,9 mil­lion de « dépenses de communication ».
Manque de bol, le Sedif y consacre lui-même 2,9 millions. Ces étranges doublons atteignent, selon les enquêteurs, près de 13 millions, dont 6,3 en mystérieux « frais de structure ».
Drôles de cas d'eau
S'ajoutent à ces gâteries une rémunération exorbitante du groupe Veolia (18 millions d'économies possibles) et des travaux réalisés à prix d'or sur le réseau. Ainsi, un mètre de nouvelle canalisation est facturé entre 452 et 650 euros, au lieu de 405 à Lyon et 270 à Lille. Tandis qu'un branchement revient à 2 776 euros l'unité, contre 1140 à Paris, qui n'est pas membre du Sedif.
Prudent et courtois, l'UFC-Que choisir tient à préciser que ces critiques « ne portent en aucune façon sur des questions de corruption ou sur toute autre malversation ». Façon de souligner que les marchands d'eau, aujourd'hui, ont souvent renoncé à leurs méthodes d'hier, lesquelles ont connu de tristes suites judiciaires, comme à Grenoble, Lyon ou Strasbourg.
Contacté par « Le Canard » sur cet audit, André SANTINI a, pour sa part, indiqué qu'il ne pourrait pas lui répondre avant... jeudi, lendemain du jour de la parution du journal. Vraiment pas de chance ».
Rendez-vous en septembre pour plus de précisions, en espérant que les usagers finiront par contraindre les élus du SEDIF à reprendre en main les problèmes et à maîtriser le prix de l’eau.
 

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