ABUS 3473 Résidences-services de personnes âgées ou : les quatre ans d’enfer de Christie, 81 ans

27/06/2013 Abus Abus

ABUS 3473 Résidences-services de personnes âgées ou : les quatre ans d’enfer de Christie, 81 ans

 
Un adhérent nous a envoyé un article du journal le « PARISIEN » qui relate les mésaventures d’une copropriétaire d’une résidence-services pour personnes âgées.
Nous ne saurions trop recommander à nos adhérents concernés de se procurer le livre écrit par cette copropriétaire (faites-le acheter par la bibliothèque de la résidence-services). Ça les consolera peut-être un peu...
 
Voici l’article du « PARISIEN » :
 
« Dans un livre, une octogénaire raconte pour la première fois de l’intérieur ses quatre ans dans une « résidence services » pour séniors qu’elle a finalement fuie. Edifiant.
 
Elle est obligée de se cramponner à son déambulateur, mais au moins, elle trotte. Fait ses courses en bas de chez elle, respire à pleins poumons, devise avec la primeur du bonheur « d'être sortie de prison ». Christie Ravenne, 81 ans  - « et demi », elle y tient - a vécu quatre ans dans une « résidence-services » pour seniors. L'un de ces supposés paradis aux plaquettes de papier glacé affichant des sourires triomphants...
 
Quatre années que cette ancienne journaliste décrit dans un livre bouleversant qui paraît aujourd'hui : « Gagatorium » (aux éditions FAYARD). « J'avais juré que si je sortais de ce bagne pour vieilles poules aux œufs d'or, je témoignerais, sourit-elle, amère. J'y ai laissé des plumes, mais j'en suis sortie. Ce livre, c'est pour supplier mes congénères : méfiez-vous des dépliants ! ».
 
Quand Christie Ravenne est entrée à Ker Eden, comme elle a baptisé cette résidence privée luxueuse à la pointe du Finistère, elle était en forme. « J'avais 77 ans, je vivais seule à Biarritz, à douze heures de train de ma fille et mes petits-enfants... Je voulais me rapprocher d'eux. » Elle vend son appartement, se renseigne, s'emballe pour la formule « Club Mol sécurisant » avec promesse d'autonomie, d'activités, de bon placement financier... « Le jour où la directrice m'a fait la visite, des sexagénaires dansaient le madison. Elle a juste oublié de me dire qu'ils venaient du centre social d'à côté... Les vrais résidants, je ne les ai croisés que le lendemain de mon installation. La moyenne d'âge, c'était 85 ans, et ça n'allait pas fort. »
 
« Toujours les mêmes repas, très arrosés, comme ça tout le monde fait la sieste »
 
Des femmes dépressives, résignées, condamnées à rester assises dans l'entrée. Les activités ? Du tricot, un peu de gym, une journée annuelle de « soins esthétiques ». Les repas « Toujours les mêmes, très arrosés comme ça tout le monde fait la sieste ».
 
Et pour les rares insoumises, un généraliste extérieur, ami de la directrice, abonné aux cartes Vita­le pour distribuer piqûres et calmants. « Tout le monde s'y dégradait à la vitesse de l'éclair. C'était comme une maison de retraite en pire, se souvient-elle. Sauf que là, j'étais chez moi. Propriétaire. Et prisonnière. »
 
Comment, quand on a encore la pêche, s'accommoder d'un dîner de Saint-Sylvestre «repoussé d'une demi-heure... à 18 h 30 parce que c'est fête » ? Comment
surtout, débourser chaque mois 500 € d'abonnement aux « services » en sus des 500 € de charges de copropriété ? « Quand j'ai découvert qu'on payait 250 € rien que pour utiliser les parties communes, j'ai compris que j'étais tombée chez la mafia de l'or gris : promoteurs, investisseurs loi scellier, agents immobiliers... »
 
Elle sera la première résidante à s'imposer en assemblées générales. La seule à éplucher les comptes. La seule à tenter de réveiller les « petites mémés » et à y perdre sa santé, jusqu’a appeler un soir SOS Amitié, au bord du suicide.
C'est interminable quatre ans, pour parvenir à revendre moitié prix - un « T3 de rêve ».
 
« On parle de maltraitance en maison de retraite mais au moins il y a les contrôles dans les maisons médicalisées !» conclut-elle. «J'espère que mon livre va donner des cauchemars aux gens. Toutes les résidences ne sont peut-être pas comme celle que j'ai fuie, mais elles sont toutes faites pour faire de l'argent. On y entre non pas pour vivre, mais pour mourir ».
Florence DEGUEN »