ABUS 3931 Lorsqu’ISTA passe aux aveux sur l’inefficacité de ses répartiteurs de frais de chaleur
À plusieurs reprises, l’ARC a dénoncé la fausse bonne idée que représente l’installation des répartiteurs de frais de chaleur.
Malgré cette alerte, le projet de loi sur la transition énergétique prévoit que dès avril 2017 toutes les copropriétés équipées en chauffage collectif installent des répartiteurs de chaleur, et ce sous peine de sanction financière.
Nous allons donc vous expliquer en quoi cette disposition est anti-rénovation des copropriétés. D’autant plus que, de la bouche même d’ISTA les répartiteurs de frais de chaleur présentent de grosses lacunes ce qui en fait, au final, un dispositif dangereux.
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Un dispositif anti-rénovation
L’introduction dans la loi sur la transition énergétique d’une disposition imposant l’installation de répartiteurs de frais de chaleur est totalement contreproductive.
Cela risque d’inciter les copropriétaires à penser que cet équipement permet de réduire la production énergétique liée à la consommation de chauffage, les dissuadant alors de prévoir un projet ambitieux de rénovation de la copropriété.
À cela s’ajoute une absurdité économique. En effet, l’économie moyenne que pourrait susciter l’installation d’un répartiteur de frais de chaleur sur les consommations énergétiques serait neutralisée par le coût PERMANENT que représentent la location et la maintenance de cet équipement.
L’installation de répartiteurs de frais de chaleur est donc une fausse et nuisible solution. Mais, au-delà de ces problèmes, le répartiteur de frais de chaleur est un dispositif faillible.
Voyons la réponse sous la plume même du groupe ISTA que l’on peut retrouver sur le lien suivant : http://www.istablog.fr/guide/mode-de-calcul-des-frais-de-chauffage-dans-une-copropriete-1100#comment-4978
« Bonjour,
Je souhaite acheter un appartement équipé de RFC (Répartiteur de Frais de Chauffage) de votre marque. Vivant avec une personne âgée et très frileuse, je suis obligée de chauffer l’appartement à une température supérieure à celle maximale fournie par les radiateurs à robinet thermostatique (20°C).
Je compte pour cela installer un chauffage électrique d’appoint.
Je souhaite acheter un appartement équipé de RFC (Répartiteur de Frais de Chauffage) de votre marque. Vivant avec une personne âgée et très frileuse, je suis obligée de chauffer l’appartement à une température supérieure à celle maximale fournie par les radiateurs à robinet thermostatique (20°C).
Je compte pour cela installer un chauffage électrique d’appoint.
Ma question est : est-ce que cela va avoir un impact sur les RFC car j’ai cru comprendre que ceux à double sonde (mon cas) prennent en compte les différences de température entre la surface du chauffage et celle ambiante de la pièce. Ne vais-je pas payer 2 fois les quelques degrés supplémentaires que je souhaite ?
Je vous remercie par avance de votre réponse ».
Réponse d’ISTA :
« Nathalie bonjour,
Hélas oui ! Vous avez parfaitement compris que le RFC mesure une consommation basée sur la mesure d’une différence d’entre deux sondes de température. La sonde qui enregistre la température de la pièce ne peut se soucier de savoir d’où vient cette chaleur.
Si vous faisiez du feu dans la cheminée, ce serait aussi enregistré par la sonde.
Le plus économique est donc de faire enfiler un gros gilet à cette personne frileuse….
L’énergie la moins chère est toujours celle que l’on ne consomme pas ».
Comme on peut le lire, la réponse du service d’ISTA est tout simplement édifiante.
Le répartiteur de frais de chaleur ne se limite pas à calculer la consommation énergétique effective du radiateur, mais plus généralement la production de chaleur dans la pièce, pouvant ainsi créer de dangereuses distorsions.
Car en effet, même en supposant un bon équilibrage prenant en considération les conditions d’exposition du logement ou de son emplacement au sein de la copropriété, les résultats risquent tout de même d’être erronés.
Mais les aveux d’ISTA ne s’arrêtent pas là.
II .Un mode de calcul confidentiel dont seul ISTA connaitra la formule
L’ARC a aussi alerté sur les difficultés que suscitait l’installation de répartiteurs de frais de chaleur en ce qui concerne l’exploitation des données. Il est question de récupérer les données de l’ensemble des copropriétaires lesquelles seront ensuite rapprochées de la consommation totale de l’immeuble. Une véritable usine à gaz, d’autant plus si la copropriété et le conseil syndical ne disposent d’aucun moyen pour vérifier le calcul d’ISTA.
Voici donc, encore une fois, la réponse hallucinante que l’on peut retrouver sur le blog d’ISTA.
Question d’un usager :
« L’installation date moins de 1 an donc je n’ai pas de facture c’est pour cela que j’aimerais la calculer ».
Réponse d’ISTA :
« Le calcul de la répartition des frais de chauffage exige de connaître la consommation de chaque appartement, en valeur relative et de les rapprocher de la consommation totale de l’immeuble pour pouvoir l’établir en valeur absolue. La connaissance des consommations de chacun est soumis aux exigences de confidentialité imposées par la CNIL. Seuls les prestataires habilités peuvent avoir accès à ces informations et procéder ensuite aux calculs, selon les règles de l’art. Ce sont en fait leurs systèmes d’informations qui automatisent ces calculs.
Benjamin, les « calculateurs » de consommation que vous évoquez s’appellent des « Répartiteurs de Frais de Chauffage ». Ils sont installés sur chaque radiateur et mesurent les calories consommées par chaque radiateur. L’index que vous lisez en appuyant sur le bouton est donc un indicateur de consommation qui n’est pas directement exprimé en kWh. Répartir les frais de chauffage entre les appartements, exige d’abord de totaliser l’ensemble de ces index sur l’ensemble de l’immeuble. Par comparaison vos propres index représentent la quote-part qui vous est imputable. Si par exemple la somme des index de tous vos radiateurs est 500 alors que la somme des index de l’immeuble est 10 000, cela signifie que vous avez consommé 5% du total.
« Les règles de l’art exigent ensuite que des coefficients correcteurs soient appliqués, tenant compte notamment de l’exposition de votre appartement (Nord, Sud, Est, Ouest) et de sa position au sein de l’immeuble (en pignon, sous toiture, en RdC, etc….). Ce sont les logiciels métier d’ISTA qui font automatiquement ces calculs et transmettent in fine votre contribution au syndic ».
GG
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Ainsi, malgré les campagnes publicitaires actuelles qu’ISTA engage pour vendre ses répartiteurs de frais de chaleur, on s’aperçoit que cet équipement présente non seulement des insuffisances, mais surtout risque d’être à l’origine de contestations de répartition des charges de chauffage, sans qu’aucun contrôle ne soit possible par les usagers , comme nous le verrons dans un prochain article à ce sujet).