Décidemment, nous comprenons de moins en moins ce que signifie le métier noble de syndic de copropriété.
Alors que la loi les reconnaît comme les seuls représentants légaux du syndicat des copropriétaires, mandataires de la copropriété, nous relevons des offres de mandat qui s’apparentent plus à de la prestation de services ou pire à du marchandage de tapis.
Si nous avons déjà dénoncé les « faux-syndics » ou les « syndics-faux », nous avons, à présent, des syndics professionnels qui proposent de gérer la copropriété pour un montant d’honoraires moins cher que gratuit puisqu’il s’agit d’une offre gratuite.
Oui, il ne s’agit pas d’une blague, ni d’un poisson de juin, mais bien d’une triste vérité qui encore une fois jette l’opprobre sur le métier de syndic.
La situation est d’autant plus consternante qu’en parallèle les syndics professionnels réclament une revalorisation de leurs honoraires, considérant que les nouvelles missions prévues par la loi demandent du temps alors qu’en face nous avons, à présent, des syndics qui proposent une prestation gratuite.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, nous sommes conscients qu’il s’agit de professionnels isolés qui veulent surtout faire le buzz en essayant de récupérer des copropriétés crédules.
Ceci étant, dit cela a un impact sur la profession et sur les gestionnaires qui s’investissent pour gérer à bien les copropriétés.
En effet, à partir du moment où un syndic professionnel affirme pouvoir gérer la copropriété sans réclamer d’honoraires, cela implique que l’ensemble des cabinets qui demandent ne serait-ce qu’un euro d’honoraires sont des charlatans et que toute personne peut être gestionnaire, ne nécessitant pas d’embauches des gens qualifiés.
Essayons de comprendre comment nous sommes arrivés à cette situation et le malaise profond qui en découle.
I – Une profession prise à son propre piège
Soyons clairs, le syndic professionnel est avant tout un commerçant qui cherche une rentabilité dans son activité.
Cela n’est en aucun cas critiquable car même l’ARC, qui est une association, doit en définitive chercher un équilibre financier pour lui permettre de continuer son activité associative et même dégager des excédents pour faire face à des imprévus.
Or, cette recherche de rentabilité ne doit pas se faire sur le dos de la qualité de services que l’on doit à ses adhérents ou, pour un syndic, au détriment du syndicat des copropriétaires.
Cela a été la première erreur des syndics professionnels qui ont souhaité augmenter leur rentabilité par la réduction des missions qu’ils doivent pourtant assurer au profit du syndicat des copropriétaires.
Pour cela, certains n’assurent pas les tâches énergivores, comme la mise en concurrence des prestataires, et d’autres s’appuient un peu trop sur le conseil syndical, les prenant pour leurs substituts.
Cette première décadence a introduit une nouvelle forme de syndics professionnels que l’on appelle des « néo-syndics ». Autrement dit, des syndics en ligne qui assurent la partie administrative pour laisser au conseil syndical la partie la plus complexe qui est la gestion de la copropriété.
Cette deuxième décadence a poussé à créer, cette fois-ci, des faux syndics qui se limitent à proposer aux syndics non professionnels un outil internet censé gérer la copropriété.
Cette régression lente, mais à présent réelle, du métier de syndic a causé deux principaux préjudices, d’une part, une perte de valeur de la profession et, d’autre part, une chasse aux honoraires, atteignant à présent des offres hallucinantes qui sont tout simplement gratuites.
II – Un service gratuit avec devis
A travers notre site internet, nous n’allons pas faire la publicité de syndics professionnels que nous considérons indignes de la profession.
Ainsi, fait rare, nous n’allons pas citer nominativement le nom de ce syndic.
Pour autant, nous allons pointer du doigt l’indécence de ce cabinet de syndic dit professionnel qui affirme haut et fort, sur sa page internet, être le « Le premier syndic gratuit ».
Ce cabinet va même plus loin car pour ce « coût gratuit », il affirme réaliser toutes les tâches prévues par la loi, incluant même la gestion des opérations financières et comptables :
Ne soyons pas dupes ! Si un service est gratuit alors on est le produit.
Ainsi, si ce syndic propose une gestion de la copropriété gratuite c’est soit qu’il n’y a pas de syndic, soit que la copropriété est le produit.
Plus risible ou consternant, après avoir indiqué que l’offre est gratuite, il y a tout de même un curseur pour demander le coût du service gratuit.
Nous n’entrons même pas dans l’offre qui est tout simplement débile du fait qu’elle n’est en aucun cas respectueuse de la loi Hoguet, de l’éthique du métier et des copropriétaires.
Un attrape-nigaud où même son fondateur ne souscrirait pas à ce service pour sa copropriété.
Il serait temps que les chambres professionnelles des syndics se réveillent pour défendre la profession.
Entretemps, nous allons saisir la FNAIM pour vérifier si au-delà de faire des communiqués de presse suite à un abus de l’ARC, elle va enfin s’occuper des canard boiteux de la profession.