ABUS N° 3133+ ASCENSEUR + ACTUALITE + CE QUE FAIT L’ARC 16.04.12 4
Le « Nouvel économiste », l’ARC, les ascenseurs
Le « Nouvel économiste », l’ARC, les ascenseurs
Voici des extraits d’un long article consacré à la rénovation des ascenseurs par le Nouvel Économiste.
On y remarquera que l’ARC est, une fois encore, la seule association citée, aussi bien d’ailleurs sur le sujet des travaux de mise en conformité, de la négociation des contrats (refus de la clause de vétusté), de la lutte contre le verrouillage technologique ou de la mise en cause des promoteurs qui - en contrepartie d’un ascenseur gratuit (pour eux) - signent des contrats supérieurs de deux à trois fois au prix du marché qu’ils mposent aux copropriétaires. Voici les extraits de cet article.
Rappelons que l’ARC a négocié un contrat-cadre avec plusieurs ascensoristes pour ses adhérents collectifs et a mis en place des consultations pour aider ses adhérents à négocier les travaux nécessaires et les devis.
Vous pouvez aussi télécharger note guide gratuit :
http://arc-copro.fr/site/guides/grat/ASCENSEUR.pdf
Mélodie en sous-sol
Les ascenseurs, un marché verrouillé par la technologie et la réglementation
Les ascensoristes en rêvaient, l’État l’a fait. En imposant, à partir de 2003, un important plan de mise en sécurité du parc français, les pouvoirs publics ont mécaniquement fait croître de 10 à 20 % l’activité de leur secteur. Certes aujourd’hui, après les années fastes – 2007 et 2008 -, la croissance se tasse. Mais, au total, cinq milliards d’euros de chiffre d’affaires supplémentaires seront facturés sur 15 ans. Pactole profitant d’abord à quatre grands opérateurs : Otis, Koné, Schindler et Thyssen Krupp contrôlant 85 % du marché. Les ascensoristes peuvent voir l’avenir avec un certain optimisme, car le vieillissement des 490 000 ascenseurs français impose d’importants travaux de modernisation justifiant ces cinq milliards de travaux d’ici à 2018. Perspectives encourageantes. Elles ne devraient pas, pour autant, favoriser l’émergence de nouveaux constructeurs tant le ticket d’entrée est dissuasif.
(...)
1. Un marché de tiers prescripteurs
Qu’il s’agisse d’acheter ou d’entretenir un ascenseur, les décideurs ne sont pas, la plupart du temps, les payeurs. Lors de la construction d’un immeuble de logements ou de bureaux, le promoteur immobilier ou l’entreprise de construction choisit un équipement, mais c’est le ou les acquéreurs finaux qui en supporteront le coût. Résultat, l’acheteur est tenté de choisir l’équipement le plus basique, le moins coûteux, de manière à préserver sa marge bénéficiaire au moment de la vente de l’immeuble.
(...)
Cette notion de “tiers-prescripteur” se retrouve également dans les deux autres métiers des ascensoristes : la maintenance et la rénovation. Ce sont alors les syndics de copropriété ou les gestionnaires de bureaux qui signent les contrats, alors que les propriétaires et les locataires, bien souvent peu au fait de la technicité de ces questions, règlent les factures.
2. Un oligopole de longue date
Au final, cette activité met en relation un petit nombre d’acheteurs, avec un nombre encore plus réduit de vendeurs. En France, quatre entreprises se partagent 85 % du marché des ascenseurs. Il y a dix ans, leur part atteignait même 95 %. L’américain Otis détient avec plusieurs longueurs d’avance la première position, suivi du finlandais Koné, de l’allemand Thyssen Krupp et du Suisse Schindler. Certes, la Fédération des ascenseurs regroupe dans l’Hexagone 120 entreprises, mais il s’agit pour la plupart de sous-traitants fabriquant des composants ou encore de sociétés de service essentiellement axées sur la maintenance. Il existe en France un seul fabricant indépendant, installé dans la Drôme : Sodimas, (...)
Pour les quatre leaders du marché, l’installation de cabines neuves est surtout un moyen de se positionner pour les futurs contrats d’entretien et de rénovation. À 35 000 euros en moyenne l’ascenseur, pour un immeuble résidentiel de 5 étages, le marché ne dépasse pas 420 millions d’euros par an. Les 2,3 milliards restant sont constitués par la maintenance et la rénovation. Or en France, la moitié des 490 000 ascenseurs a plus de 25 ans d’âge. La position de fabricant assure dans ce contexte une longueur d’avance. La plupart du temps, le premier contrat de maintenance est signé par l’enseigne qui a installé la machine.
“Nous avons même vu des cas de figure dans lesquels un promoteur achète un ascenseur à un prix cassé et accepte dans la foulée de signer un contrat d’entretien pluriannuel extrêmement rentable pour le fabricant”, détaille Bruno Dhont, le directeur général de l’Association des responsables de copropriétés (ARC). Forte de 54 salariés dans son antenne nationale, cette structure indépendante est devenue une référence dans l’expertise de la gestion d’immeubles. Globalement, le taux de rotation des contrats d’entretien n’excède pas 10 %.
Dès lors qu’une entreprise est installée dans un immeuble, elle a finalement peu de chance d’être délogée au moment du renouvellement de l’engagement. D’autant que les marges réalisées permettent visiblement de supporter une baisse des prix, afin de conserver des parts de marché.
(...)
La maintenance courante demeure une activité hautement rentable, car il est désormais interdit de mettre en service un ascenseur tant qu’un contrat d’entretien n’a pas été signé. Ils sont en général d’une durée de 36 mois et d’un montant compris entre 2 000 et 3 000 euros par an. Ensuite, il existe une subtile distinction dans la rédaction de ces documents. Les phénomènes d’usure sont pris en charge, en revanche la vétusté ne l’est pas et occasionne des coûts de réparation supplémentaires. Or en matière d’ascenseur, il est quasiment impossible de faire la différence entre ces deux notions.
3. Le pactole de la mise en conformité
Captif par nature, ce marché des ascenseurs peut en outre compter sur la loi de mise en sécurité votée en 2003. Cette année-là, plusieurs accidents mortels se succèdent. Le ministre de l’Équipement de l’époque, Gilles de Robien, décide de lancer un ambitieux plan de remise à niveau du parc français. Dix-sept points de sécurité sont identifiés, ils doivent être vérifiés et, si besoin est, suivis de travaux. En outre, chaque ascenseur doit subir une visite de contrôle toutes les 7 semaines. Afin de ne pas imposer une charge financière trop lourde aux copropriétés, cette mise à niveau est prévue en trois phases, dont la dernière échéance s’achève en 2018.
Au total, les propriétaires d’ascenseurs auront déboursé près de 5 milliards d’euros, à raison d’une facture moyenne de 18 000 euros par équipement. (l’ARC parle de 26 0 30.000 euros).
4. Le verrouillage technologique
Ces travaux de modernisation bénéficieront-ils à l’ensemble des entreprises du secteur ? Pas si sûr. Pour conserver le plus longtemps possible leurs contrats de maintenance, les fabricants ont mis au point un verrouillage technologique. En clair, eux seuls maîtrisent les données indispensables pour faire fonctionner l’appareil. “Dans les années 90, lorsque l’informatique a fait son apparition, ces données ont été codées, ce qui fait que les fabricants sont les seuls à pouvoir assurer la maintenance de leurs ascenseurs”, rappelle Bruno DHONT. (...)
Soucieux de ne pas être captif, certaines copropriétés imposent, dans les contrats de maintenance qu’il signe, une clause permettant de résilier de manière anticipée ce type d’engagement, lorsque de lourds travaux s’imposent et qu’il convient de lancer un appel d’offres afin de faire jouer la concurrence. En revanche, il est pour le moment difficile d’imposer à un constructeur de transmettre les données et la mémoire d’un ascenseur lorsque son contrat de maintenance n’est pas renouvelé. Un décret en ce sens a été préparé par le ministre du Logement, mais le Conseil d’État l’a rejeté, indiquant qu’il fallait passer par une loi votée par le Parlement. “Nous avons perdu encore trois ou quatre ans”, regrette Bruno Dhont, le directeur général de l’Association des responsables de copropriété (ARC).
Concurrence
Des ententes sanctionnées sur certains marchés européens
La Commission européenne a infligé en février 2007 une amende de 992 millions d’euros aux quatre principaux fabricants d’ascenseurs pour entente sur les prix de l’installation et de l’entretien des ascenseurs et des escaliers mécaniques. Les faits ont été commis sur les marchés allemand, hollandais et luxembourgeois. Il s’agit d’une des plus importantes sanctions financières décidées à Bruxelles par la Direction générale de la concurrence. Thyssen-Krupp avait été le plus lourdement condamné (480 millions), suivi par Otis (225 millions) et Schindler (144 millions).
Franck Bouaziz
Publié le 05/04/2012 | Mots clés : Industrie, Stratégie »