ABUS N° 3337 : Les nouvelles « arguties » des syndics pour échapper au compte séparé obligatoire

03/01/2013 Abus Abus

ABUS N° 3337 : Les nouvelles « arguties » des syndics pour échapper au compte séparé obligatoire

 
On le sait, les syndics résistent comme des fous à la mise en place des comptes séparés dans les copropriétés.
 
Pendant des années ils ont prétendu qu’il était plus difficile de gérer les copropriétés ayant un compte séparé et que s’ils devaient le faire cela coûterait plus cher, beaucoup plus cher.
 
Malheureusement, pour eux, les techniques bancaires évoluant et les prélèvements se généralisant, l’argument a fait long feu depuis de longs mois.
 
Nos chers syndics sont donc obligés de se renouveler. Le nouveau Président de la FNAIM (Jean-François BUET) a rodé ses arguments au cours du discours qu’il a tenu au 66è congrès de la FNAIM en présence de Madame Cécile DUFLOT (Ministre du Logement).
 
Nous citons ses propos et nous les commenterons après :
 
« Sachez que nous sommes favorables à plus de transparence.
Je vous propose que les syndics professionnels rendent accessibles, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, la comptabilité des syndicats et les comptes de chaque copropriétaire via des extranets.
Nous éviterons ainsi les polémiques stériles sur la nature du compte séparé et préserverons la qualité du contrôle des garants. Il est en effet plus efficace et sécurisant pour eux, mais aussi pour les copropriétaires, de vérifier un seul compte unique, que quelques comptes séparés choisis de manière aléatoire ».
 
On note deux types d’arguments nouveaux.
 
  1. Pour obtenir la transparence, pas besoin de compte séparé : les copropriétaires peuvent obtenir cette transparence grâce à Internet, ceci 24 h sur 24.
Monsieur Jean-François BUET oublie simplement que ce n’est pas parce que des comptes NON transparents sont 24 h sur 24 sur Internet qu’ils le deviennent.
 
Que sont, en effet, ces « comptes » que les syndics vont mettre sur Internet lorsqu’il n’y a pas de compte bancaire séparé ? Au mieux les grands livres comptables.
 
Or, lorsqu’un syndic fonctionne en compte unique, le compte (comptable) dit compte banque (compte 512) soit est réduit à un simple solde, soit enregistre des mouvements « groupés » ou des virements de compte à compte pivot.
 
Bref, 24 h sur 24 c’est le flou maintenu.
 
  1. Le deuxième argument est encore plus extravagant. En gros Jean-François BUET dit ceci : « Les caisses de garantie ont plus de facilité à contrôler un compte unique plutôt que cent comptes séparés. Donc c’est mieux et si c’est mieux c’est mieux aussi pour les copropriétaires ».
 
Cet argument est doublement inadmissible :
 
  1. d’abord parce qu’il n’est pas acceptable qu’on dise qu’un système (compte unique) est préférable parce qu’il facilite la vie du contrôleur !
  2. ensuite parce que lorsqu’il y a un compte unique il n’y a pratiquement aucune chance - en cas de faillite d’un syndic - pour que les copropriétés récupèrent leur argent, précisément parce qu’en cas de compte unique les copropriétés ne peuvent PAS prouver leur créance faute de compte séparé.
 
Ainsi le garant est doublement heureux :
 
  • ses contrôles sont plus faciles (donc moins coûteux) ;
  • en cas de faillite de son client, il n’aura rien (ou beaucoup moins) à payer.
 
Est-il admissible que le nouveau président de la FNAIM nous vende ces arguties ?
 
La réalité est ailleurs : le compte unique est le meilleur moyen pour les syndics d’utiliser l’argent des copropriétaires qui se transforment ainsi en banquiers à taux zéro et même plus.
Question : avec quel argent Monsieur BRIAND président directeur général du groupe CITYA et l’un des principaux adhérents de la FNAIM peut-il acheter les cabinets de syndics par dizaine ?
 
Cela n’empêche pas le nouveau Président de la FNAIM de laisser couler des larmes de crocodile en nous parlant « transparence 24 h sur 24 et sécurité des copropriétaires ».
 
Monsieur BUET, faites attention : c’est avec cette façon de prendre les copropriétaires pour des parfaits idiots que les syndics ont perdu toute crédibilité en quinze ans dans notre pays.