Les professionnels de l’immobilier s’inquiètent, à juste titre, de la pénurie de gestionnaires de copropriété.
La réponse à ce phénomène est pour eux toute trouvée : les critiques de l’ARC qui démotivent les gestionnaires et qui préfèrent se rabattre vers la filière de la location ou de la transaction.
Selon nous, ces professionnels essayent de noyer le poisson en confondant causes et conséquences.
En effet, si l’ARC dénonce les abus voire les illégalités commises par des syndics professionnels deux fois par semaine depuis plus 30 ans, est qu’il existe un problème de fond écœurant à la longue les gestionnaires qui ne souhaitent pas ou plus cautionner ces pratiques.
Ainsi, si le secteur d’administration de biens souhaite rendre plus attractif le métier de gestionnaire de copropriété, il est indispensable d’engager plusieurs actions pour redynamiser les vocations.
Voici nos propositions :
I – Une meilleure formation et indépendance
La première action à mener est de renforcer les compétences des gestionnaires avec une garantie d’indépendance dans les choix et diagnostics qu’ils réalisent, sans être télécommandés par un président directeur général qui fixe la loi de la copropriété en fonction de sa stratégie commerciale.
Présentons les six actions qu’il serait intéressant de mettre en place pour garantir une meilleure mobilisation des gestionnaires
1/ monter en compétence avec des formations de qualité, assurées par des formateurs expérimentés et surtout indépendants
2/ assurer une formation continue sérieuse en présentiel, interdisant de facto les formations Mooc ou pré-enregistrées qui ne permettent pas un échange entre les gestionnaires et les formateurs ;
3/ permettre aux gestionnaires de copropriété de choisir l’organisme qui sera en charge d’assurer leur formation ;
4/ interdire aux gestionnaires de vendre des prestations autres que celles prévues au contrat de mandat comme celles provenant des filiales de syndic ;
5/ prévoir un droit de retrait du gestionnaire pour toute consigne émanant de sa hiérarchie qui serait contraire aux dispositions légales ou réglementaires telles que la facturation de prestations non prévues au contrat, ou le prélèvement d’honoraires injustifiés ;
6/ interdire aux gestionnaires de gérer plus de 60 copropriétés.
II – Un gestionnaire pris en conflit d’intérêt
Il est clair qu’un gestionnaire ne va pas soutenir nos affirmations mais pourtant, nous le savons bien, la plupart d’entre eux sont contraints de procéder à des actes illégaux ou abusifs suite aux instructions reçues de leurs supérieurs hiérarchiques.
Ainsi, pour que le gestionnaire soit serein dans son travail, il est essentiel de garantir que sa seule fonction soit celle de mandataire sans l’amalgamer avec un poste de commercial qui consiste à vendre des services que proposent soit l’agence soit carrément une filiale du groupe.
A titre d’exemple, on peut s’interroger sur les performances économiques des filiales de syndics courtiers en assurance qui dégagent autant voire plus de chiffre d’affaires que les concurrents avec deux fois moins de personnel.
La raison de ce « miracle » est que tout simplement les commerciaux sont les gestionnaires de copropriété qui, au-delà de gérer les immeubles, assurent la souscription des contrats d’assurance, le suivi des sinistres et les remboursements.
On comprend alors mieux pourquoi les gestionnaires sont dépassés, ne pouvant pas être au four, au moulin et vendre du pain.