Depuis quelques semaines, on remarque une campagne de communication lancée par le groupe Foncia pour dissuader les copropriétaires de devenir syndic non professionnel de leur immeuble.
Jusqu’à présent cela était presque risible, car même les professionnels n’étaient pas convaincus par leurs propres argumentaires.
Dernièrement, le directeur communication de Foncia à été invité par une station de radio pour parler « spontanément » sur la différence entre les syndics professionnels et non professionnels, mais malgré tout avec une fiche bien préparée.
Ce qui est intéressant est d’analyser les arguments avancés.
I. Un syndic professionnel « neutre et actif »
Dans une intervention radio d’une durée de 1min54s, le responsable communication du groupe Foncia a essayé de mettre en évidence les plus du syndic professionnel et les moins du syndic non professionnel, dit bénévole.
Si l’on devait résumer ses dires, les syndics professionnels sont neutres dans leur gestion des copropriétés.
En cas de conflit entre des copropriétaires ou pour engager une action judiciaire pour des impayés de charges, le syndic ne rencontre ni difficultés ni conflits d’intérêts.
De plus, le syndic assure la gestion de la copropriété de A à Z sans engager le conseil syndical dans une co-gestion.
Pour l’ARC, ce discours est plutôt du registre des vœux que l’on prononce le 31 décembre et que l’on oublie le 1er janvier de l’année suivante.
En effet, le syndic n’est-il pas en conflit d’intérêts lorsqu’il doit engager une action judiciaire à l’encontre du copropriétaire qui présente un nombre important de voix, ayant un impact direct sur le vote de sa prochaine réélection ?
Par ailleurs, nous aimerions bien que le syndic administre seul la copropriété sans se reposer sur le conseil syndical.
Mais cela relève plutôt du rêve. Et pour cause, de plus en plus de syndics, qu’ils soient petits, moyens ou grands, s’appuient sur le conseil syndical, que ce soit pour recevoir les entreprises au sein de la copropriété ou pour réaliser les mises en concurrence.
Par conséquent, il est illusoire de considérer qu’un syndic professionnel est plus neutre et actif qu’un copropriétaire qui assure bénévolement les fonctions de syndic au sein de son immeuble.
II. Un syndic bénévole avant tout professionnel
Les copropriétaires qui optent pour la gestion directe en devenant syndic non professionnel sont la plupart du temps conscients des enjeux et surtout de l’espoir des autres copropriétaires pour enfin avoir une gestion pérenne de leur copropriété.
Ainsi, les syndics non professionnels, surtout lorsqu’ils sont adhérents à l’ARC, sont des copropriétaires mobilisés et conscients des obligations et responsabilités qui leur incombent.
A partir de là, ils s’engagent dans la réussite de leur copropriété en prévenant les impayés plutôt que d’attendre qu’ils atteignent des sommes importantes.
Quand cela est le cas, ils font comme les bons syndics professionnels en transmettant le dossier à un avocat.
De plus, le syndic non professionnel est un copropriétaire qui supporte directement l’action qu’il mène dans sa copropriété, ce qui n’est pas le cas du syndic professionnel, impliquant qu’il soit plus investi et mobilisé dans la recherche de résultats.
Ainsi, quand un copropriétaire fait le choix de la gestion directe, il est souvent plus professionnel que le professionnel.
Ceci étant, il faut être clair, les syndics professionnels ont bien entendu leur place et même leur légitimité au sein des copropriétés dans la mesure où ils sont conscients de leurs obligations sans chercher à se défausser sur le conseil syndical.