Les répartiteurs de frais de chaleur : une approche différente de celle des vendeurs de répartiteurs

29/08/2013 Dossiers conseils Conseil

Les répartiteurs de frais de chaleur :

une approche différente de celle des vendeurs de répartiteurs

 

 

Régulièrement, le syndicat de la mesure et les sociétés spécialisées dans la pose et la relève des répartiteurs de frais de chauffage publient des articles élogieux sur le bénéfice de ce dispositif.

En tant que défenseurs des copropriétaires, par ailleurs très attachés aux économies d’énergie et de charges, il nous semble utile de rectifier une nouvelle fois certains chiffres annoncés et certaines idées reçues à ce sujet.

 

  • Des économies jamais « démontrées » et très en-dessous de celles annoncées

 

Les professionnels expliquent régulièrement que les économies générées par les répartiteurs seraient de 15 à 20 %, représentant une économie moyenne de 100 euros par an et par logement, comme le « démontrent » plusieurs études.

Nous souhaiterions vivement savoir QUI a « démontré » une économie moyenne de 100 euros par appartement et au travers de QUELLE étude, sachant que la seule étude réalisée l’a été par le Syndicat de la Mesure et que nous avons non seulement démontré que cette étude était irrecevable d’un point de vue simplement méthodologique, mais que les chiffres étaient « inexacts », ceci sans avoir été jamais démentis ni attaqués en justice, malgré les accusations graves que nous avions formulées.

À titre de comparaison, l’Agence Parisienne du Climat - particulièrement spécialisée sur ce sujet - retient les chiffres de 5 à 15 %. On est loin des 15 à 20% du Syndicat de la Mesure (5 % c’est trois fois moins que 15%).

 

  •  La réalité sur les répartiteurs : souvent injustes et toujours coûteux

 

Il faut savoir, en effet, que les répartiteurs n’ont de véritable justification que dans les immeubles qui sont déjà équilibrés thermiquement (isolation-terrasse ; isolation pignon nord ; isolation des caves). Ce qui est le cas au Danemark et en Allemagne...

 

Dans les immeubles non équilibrés thermiquement (c’est-à-dire la grande majorité en France), le système est non seulement globalement peu efficace, mais aussi injuste, les occupants des logements mal situés étant très défavorisés, malgré l’application éventuelle de coefficients correcteurs qui ne sont d’ailleurs PLUS obligatoires (décret du 23 avril 2012 et arrêté du 27 août).

Plus grave : il se trouve que les occupants des logements bien situés (plein sud et entourés d’autres logements) profitent du chauffage de leurs « voisins » et pratiquent - volontairement ou non - ce qu’on appelle un « vol de calories » qui obligent ces « voisins » à augmenter leur chauffage au lieu de le baisser...

 

Ainsi, contrairement à ce qui est avancé par les professionnels du comptage, l’économie moyenne n’est pas de 100 euros, mais plutôt de l’ordre de 70 euros et que par contre les frais liés à la location-relève des répartiteurs s’élèvent, eux, facilement à 100 euros, car il faut ajouter aux frais de relevés-location, les honoraires du syndic [nous avons ainsi dénoncé publiquement le cas d’un gros syndic parisien (cabinet DEGUELDRE) qui - pour ses seuls honoraires supplémentaires - prélève 10 euros par an et par radiateur, soit 60 euros pour un F4 pour les seuls honoraires de syndic...].

 

À noter que nos affirmations sont étayées par les études de la Direction de l’Habitat de l’Urbanisme et des Paysages (DHUP) du Ministère du Logement qui a retenu dans le cadre des études préalables à la publication du décret du 23 avril 2012 sur les répartiteurs que les seuls frais de relevés-location (hors frais de syndic) s’élevaient en moyenne à 10 % des frais du combustible.

Dès lors, lorsque l’on parle «d’une économie au profit de l’usager d’une moyenne de 100 euros », nous sommes, malheureusement, dans la désinformation la plus complète :

 

  • surévaluation de l’économie ;
  • occultation totale des frais générés, supérieurs souvent aux économies réelles !

 

  •     Les effets paradoxaux des répartiteurs de frais de chaleur

 

Il faut savoir enfin que dans les immeubles non équilibrés thermiquement où sont posés des répartiteurs, il est très difficile, voire impossible, de faire procéder à de vrais travaux d’isolation thermique. Pourquoi ? Tout simplement parce que les copropriétaires qui bénéficient du système (logements bien situés) et dont nous avons déjà parlé plus haut refusent de voter et payer des travaux lourds qui vont surtout avantager les autres copropriétaires.

 

En fait, les « répartiteurs » ont un effet inhibiteur vis-à-vis des gros travaux nécessaires en matière de rénovation énergétique. C’est ce qu’a démontré un sociologue ayant fait une thèse à ce sujet pour GDF-Suez, Monsieur Gaëtan Brisepierre (voir : http://gbrisepierre.fr/tag/these).

 

Il faut également savoir que la seule optimisation des installations collectives de chauffage permet d’obtenir, sans frais supplémentaires, 15 à 20 % d’économies pour tous : régulation, entretien, réglages, ralenti de nuit, désembouage, équilibrage hydraulique, etc.

 

Comme on peut le constater, il y a loin du tableau brossé par les professionnels à la réalité des problèmes et ce sont de farouches défenseurs et acteurs de l’amélioration thermique ambitieuse des copropriétés qui le disent.

 

Voir aussi notre guide : « Les répartiteurs de frais de chauffage :

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