Ne vous acharnez pas sur le bâton qui vous tape mais sur celui qui le tient : Syndics professionnels / Matera

29/06/2021 Actu

Nous avons publié plusieurs abus sur la société et solution Matera, en mettant en évidence leur stratégie commerciale qui a pour objectif d’augmenter rapidement leur clientèle, à savoir les syndicats de copropriétaires en utilisant des méthodes plus ou moins contestables.

Dernièrement, la ministre déléguée au Logement Mme Wargon a visité les bureaux de cette start-up provoquant un mécontentement sévère des professionnels et en particulier des syndics.

A ce titre, nous avons eu des commentaires assez pathétiques, notamment du président de l’Association nationale des gestionnaires de copropriétés (ANGC) qui ne comprend pas pourquoi une ministre déléguée au logement se rend chez Matera, alors qu’elle est censée échanger avec les chambres professionnelles de l’immobilier (UNIS et FNAIM) qui ont d’ailleurs engagé une action judiciaire à l’encontre de cette société.

Si à des égards nous pouvons comprendre l’indignation des professionnels (mais non pas pour les raisons absurdes avancées par le président de l’ANGC), la réelle question à se poser est comment cette société a-t-elle réussi à mettre en difficulté toute une institution que sont les syndics professionnels ?

Essayons d’analyser la situation sans complaisance.

I. Un échec des syndics professionnels

Le concept de la société Matera pourrait se résumer de la façon suivante: pourquoi payer cher un syndic professionnel quand un copropriétaire avec l’aide de Matera peut en faire autant, voire mieux ?

Si dans les faits il peut s’agir d’un slogan publicitaire, le constat est que de très nombreux copropriétaires, voire conseillers syndicaux, ne voient plus l’intérêt d’un syndic professionnel dans la gestion de leur copropriété.

Pour beaucoup, il n’est qu’un percepteur de provisions de charges courantes et travaux sans apporter d’expertise technique, juridique ou comptable sur les différents problèmes et enjeux que doivent affronter les copropriétés.

Plus encore, avec la mise en place du contrat-type qui présente uniquement les prestations complémentaires facturables, les syndics professionnels essaient de minimiser les tâches incluses au forfait de base.

Jusqu’à l’arrivée de Matera, cette approche commerciale des syndics qui consiste à toujours faire moins pour gagner plus fonctionnait.

Et pour cause, dans le microcosme des administrateurs de bien, il existe une règle de confraternité basée sur un pacte de non-agression où personne ne dénonce l’autre même si les pratiques lèsent la copropriété et la profession jusqu’à ce qu’elle devienne un usage métier.

En effet, quel groupe de syndic a dénoncé son confrère sur les prix pratiqués en matière d’état-daté dépassant les 800 euros, obligeant en définitive les pouvoirs publics à plafonner le tarif ?

Quel est le groupe de syndic qui a dénoncé son confrère pour ses créations de filiales qui sont imposées à la copropriété, sans mise en concurrence ni choix alternatif ?

Plus que cela, c’est la prestation même des syndics qui laisse à désirer.

Quel est le syndic qui a engagé au sein de ses copropriétés une politique de maitrise des charges pour réduire les appels de fonds ?

Quel est le syndic qui a pris à bras le corps le traitement des impayés pour résorber la situation et renflouer la trésorerie de la copropriété ?

Quel est le syndic qui a monté des dossiers d’emprunt pour faciliter le vote des travaux ?

En revanche, on voit de plus en plus de syndics, et en premier lieu le groupe Foncia, qui encouragent les délégations de pouvoir données au conseil syndical pour gérer les travaux tout en maintenant ses honoraires de base et en réclamant en plus des honoraires complémentaires de suivi de travaux.

En parallèle, il y a Matera qui s’appuie sur le conseil syndical sans réclamer d’honoraires complémentaires. À choisir entre la peste et la grippe, on prend la grippe.

Ainsi, le premier responsable de l’ascension de Matera est la médiocrité des syndics professionnels qui à cause de leur stratégie commerciale ne savent plus comment convaincre les copropriétaires de faire appel à eux.

En définitive, ce sont bien elles les premières victimes de leur propre politique.

II. Matera, une solution obscure.

Soyons clairs, et répétons encore une fois que Matera n’est pas un syndic, ni même une association au service de ses adhérents, mais bien un prestataire de service qui doit dégager des marges pour répondre à des objectifs financiers définis par ses investisseurs.

La campagne de Matera s’est appuyée non pas sur le service qu’il propose, mais sur la carence des syndics professionnels.

Encore dernièrement, sa publicité télévisée avait comme principale communication de dénigrer l’intérêt du syndic professionnel pour se présenter comme la solution alternative, sans réellement dire en quoi elle consiste.

Ainsi, l’approche commerciale de Matera est de rabaisser la solution du syndic professionnel pour automatiquement se remonter.

Une technique commerciale qui en définitive laisse une zone d’ombre sur ce qu’est véritablement la solution Matera.

En effet, que propose-t-elle? Sur quelles prestations de services s’engage-t-elle? Qui dans son modèle est responsable de la gestion de la copropriété ? Tout syndicat de copropriétaires peut-il avoir réellement recours à cette solution sans mettre en péril la copropriété ?

Ce manque de transparence aveugle beaucoup de conseillers syndicaux et copropriétaires qui pensent réellement souscrire auprès d’un syndic dit « nouvelle génération » avec un coût d’honoraires affiché 50% moins cher.

Ne nous leurrons pas, vous n’aurez pas une entrecôte pour le prix d’un hamburger.

Le mode Matera s’appuie sur un système qui consiste à faire travailler le syndic bénévole ou le président d’un syndicat coopératif, en mettant à leur disposition un outil et autre assistance.

Comme on le constate, un marché pollué ne sachant plus en définitive s’il faut opter pour un verre à moitié vide ou un verre à moitié plein.

Face à cette situation nébuleuse, il est à présent temps que l’ARC apporte sa réponse.

 

 

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