Pourquoi le métier de syndic professionnel n’a plus de cohérence : le cas SERGIC

11/12/2023 Abus Abus

Lorsque l’on interroge les syndics professionnels sur leurs factures abusives ou illégales imputées aux copropriétés, ils se justifient en nous indiquant que les honoraires du forfait de base sont trop bas, nécessitant de procéder à des actes contraires aux dispositions légales afin de réguler leur chiffre d’affaires.

C’est l’une des raisons pour lesquelles on retrouve des tarifs des lettres de relance à 60 € ou bien des facturations de tenue d’assemblée générale incohérentes.

Et pourtant, en parallèle, nous trouvons des cabinets de syndics qui n’hésitent pas à casser les prix, démontrant que les honoraires de base proposés par leurs confrères dégagent des bénéfices importants permettant de les réduire.

Alors qui dit vrai ?

La réponse nous est apportée par la société SERGIC à travers une convocation d’assemblée générale.

I – Un trimestre de gratuité…

Avant d’entrer dans le détail, voyons la résolution proposée par la société SERGIC concernant sa proposition de contrat :

Face à la concurrence, le syndic SERGIC arrive soudainement à baisser ses honoraires de 5.563,75 €, soit pas moins d’un trimestre, représentant une réduction de 25 %, ce qui est, convenons-le, énorme.

Comment expliquer qu’un prestataire puisse réaliser « un geste commercial » aussi important ?

La raison est double. D’une part, les honoraires de base du syndic permettent de dégager du bénéfice, et d’autre part, le métier permet de facturer des prestations complémentaires, supplémentaires ou privatives.

Voilà pourquoi la gestion d’une copropriété, même petite, est en définitive toujours rentable car en parallèle des honoraires du forfait de base, il facture des états-datés à 380 € pièces, les mises en demeure et lettres de relance qui sont généralement facturées entre 30 et 90 €.

A cela s’ajoutent les honoraires d’activités parallèles telles que les transactions  immobilières ou la gestion locative.

Bref, des centaines d’euros qui s’ajoutent à des centaines d’euros, qui s’ajoutent à des centaines d’euros, faisant des milliers d’euros.

II – Un geste commercial sous la menace

SERGIC n’a pas « dégainé » son geste commercial pour sa simple volonté de poursuivre une collaboration étroite avec la copropriété mais tout simplement car dans le même ordre du jour se trouve la proposition d’un contrat concurrent qui présente des honoraires à 16.500 €, soit 5.751 € de de moins.

Voici la résolution :

Ainsi, pour ne pas perdre la copropriété et l’ensemble des honoraires que représente la gestion de la copropriété, SERGIC a été contraint de réguler ses honoraires en les baissant de plus 5.000 € en les faisant passer de 22.251 € à 18.542,50 €.

Comme on le constate, cela n’a pas été suffisant puisque l’assemblée générale a décidé de retenir l’offre concurrente.

L’erreur de SERGIC est de prétendre que le choix de l’assemblée générale se limite uniquement au montant des honoraires, croyant à tort qu’en les baissant les copropriétaires seraient suffisamment malléables pour le maintenir dans ses fonctions.

Or, les copropriétaires ont vraisemblablement pris en considération le niveau de gestion de SERGIC qu’ils ont considéré comme insuffisant, justifiant qu’ils ont élu le syndic concurrent.

Néanmoins, on peut relever un enseignement intéressant à travers cet article.

La différence de tarifs entre les deux propositions de syndics dits professionnels, sont de plus de 5.000 €. Autrement dit, une différence de plus de 34 % entre les deux offres qui sont censés assurer les mêmes missions et prestations.

Un constat qui doit nous alerter et qui démontre l’immaturité du métier de syndic avec des tarifs qui fluctuent de manière importante d’un cabinet à un autre, surtout lorsqu’il est mis en concurrence.

Rien de bon, ni pour les syndics, ni pour les copropriétaires.