Nous sommes souvent sollicités par des conseillers syndicaux qui s’interrogent à passer le cap pour devenir syndics non professionnels en faisant appel à des sociétés qui offrent des solutions d’assistanat.
Ces sociétés qui sont souvent des startups, utilisent généralement des moyens de communication agressifs qui vendent surtout du rêve en faisant croire qu’avec un logiciel qu’ils ont conçu, il est possible de gérer intégralement la copropriété et, en plus de réaliser 30 % d’économies de charges.
Autrement dit, un kilo de caviar pour le prix d’un kilo d’ailes de poulet.
Alors, expliquons pourquoi même si les fondateurs de ces officines sont en train de comprendre la limite de leur système, qui devient de moins en moins rentable pour le groupe, ils sont contraints de revoir leurs tarifs.
I – Un modèle qui évolue
Les syndics en ligne, les sociétés d’assistanat aux syndics non professionnels ou aux syndicats coopératifs, ne sont pas nouveaux dans le marché.
La différence est que ces nouvelles startups sont actuellement alimentées par millions par des fonds de pension, ce qui leur permet de faire du bruit à travers diverses campagnes publicitaires en leurrant les copropriétaires sur les véritables services qu’elles peuvent leur apporter.
Le modèle économique est inspiré à la base sur celui des banques qui, tant bien que mal, ont réussi à substituer les guichets, qui étaient tenus par des gestionnaires, par des plateformes internet arrivant même à des modèles de banque 100 % en ligne.
Ainsi, certains étudiants sortis d’écoles de commerce ont cru que l’on pouvait reproduire le système avec la gestion des copropriétés, en livrant un super logiciel capable de générer les appels de fonds, la tenue de la comptabilité ou encore les lettres de relance.
Un développement informatique qui permettrait d’automatiser des tâches, réduisant le coût de revient d’une gestion des copropriétés, impliquant un service d’assistanat à très bas prix par rapport aux honoraires affichés par les syndics professionnels.
Mais voilà, le calcul connaît ses premières limites car la gestion d’une copropriété n’est pas similaire à un compte bancaire dans lequel il y a des opérations au débit et au crédit.
Et pour cause, il est nécessaire de répondre à des enjeux juridiques, techniques, comptables et même parfois sociaux.
Dans un premier temps, ces sociétés ont proposé une base documentaire qui est devenue très vite insuffisante et non pertinente. Il a donc fallu réaliser des embauches de juristes, de techniciens, ce qui a automatiquement augmenté le coût de la prestation se rapprochant doucement des honoraires proposés par les syndics, sans garantir les mêmes services.
Il est probable que l’on assiste au même système qu’avec les abonnements de téléphonie ; la première année : 19€ par mois, puis l’année qui suit : 45 € par mois.
II – En moyenne 30 % d’économies de charges
Là aussi, nous sommes dans la démagogie car pour parler d’économie encore faudrait-il comparer des éléments comparables.
Ces startups annoncent en moyenne une économie 30 % mais en introduisant la suppression des honoraires du syndic. Et pour cause, c’est bien le syndic non professionnel qui assure bénévolement la fonction de syndic.
Ainsi, les startups arguent d’économies qui sont faites sur le dos du syndic non professionnel et non grâce à leur intervention ou à leur outil.
Mais plus que cela, ce taux de 30 % est possible car la plupart des copropriétés qui font appel à ces sociétés sont des petits immeubles qui, effectivement en supprimant les charges et les honoraires du syndic, font réduire le montant du budget prévisionnel.
En revanche, dans les copropriétés plus importantes où le budget de fonctionnement serait autour de 150.000 €, il est peu probable qu’il passe soudainement à 105.000 € grâce à l’intervention de ces startups.
Il est probable que tout cela se fini par la vente du portefeuille clientèle de la startup à un grand groupe de syndic. Autrement dit, retour à la case départ...
La vigilance est donc de mise.