Réponse à la Fédération des Ascenseurs

10/05/2012 Actions Action

Réponse à la Fédération des Ascenseurs

 

Pour servir les intérêts des ascensoristes, la FAS (Fédération des Ascenseurs) vient de diffuser un dossier de Presse où elle affirme :

  • que les accidents graves ont pratiquement disparus ;
  • que les pannes ont très sensiblement baissé ;
  • que les accidents les plus fréquents sont dus :
    • au décalage de cabine ;
    • au choc des portes.

Ce dossier que vous trouverez en annexe à cet article relève de ce qu’on appelle l’« intoxication » voire de la manipulation :

- faits occultés ;
- chiffres fantaisistes ou invérifiables ;
- affirmations « maison »,

le tout pour dissuader le Gouvernement d’appliquer la loi du 25 mars 2009 qui permet de repousser de trois ans les échéances, ce dont ne veulent évidemment pas nos quatre « majors » qui font tout pour remplir leurs carnets de commandes.

Nous avons donc décidé de répondre à la Fédération des Ascenseurs.

I. Quand la puissante Fédération des Ascenseurs fait ce qu’on appelle de l’intox…

  • La Fédération des Ascenseurs (FAS) est un des lobbys les plus efficaces au monde : autour des quatre « grands » elle entretient des « permanents » très efficaces pour défendre le droit d’imposer des travaux facturés chers et souvent inutiles.
  • Comme indiqué en introduction la Fédération a établi et diffusé dernièrement un magnifique document de vingt-cinq pages pour faire passer aux médias le message suivant : « Il-ne-faut-surtout-pas-repousser-les-échéances-des-travaux-obligatoires-et-coûteux-imposés-aux-propriétaires-d’ascenseur ».

Il est vrai qu’un report aurait pour conséquence de permettre de faire jouer la concurrence (donc de faire baisser les prix), de donner du temps aux copropriétaires pour mieux négocier les prix et pour écarter les travaux inutiles, DONC là encore de faire baisser les montants de travaux, perspectives insupportables pour nos quatre majors.

Parmi les messages distillés dans ce document un argument qui se veut décisif : « La mise en conformité était nécessaire : la preuve (disent les ascensoristes) :

- les accidents graves ont pratiquement disparus ;
- les pannes ont diminués de façon spectaculaire ;
- les accidents concernent essentiellement les chutes dues à un manque de précision d’arrêt et aux chocs de portes.

Conséquence : il ne faut pas relâcher ses efforts ».

Nous avons donc décidé de montrer que les chiffres et arguments qu’expose la Fédération des Ascenseurs dans ce document sont soit inexacts ou faux, soit fantaisistes, soit injustifiés.

Suivez la démonstration.

1. « Les accidents très graves ont quasiment disparus » disent-ils.

Voici ce qu’on peut lire dans le document de la Fédération des Ascenseurs :

« Incidents et accidents au plan national :

« Depuis 2009 : un baisse de près de 20 % du nombre d’accidents (d’usagers ou de techniciens) et très peu d’accidents graves, sauf un technicien sérieusement blessé en mai 2009 à Pantin dans le cadre d’un chantier de mise en sécurité et un technicien décédé en mars 2010 à Bordeaux ».

Comment des gens si sérieux peuvent-ils se permettre de tels propos ?

a) Il suffit de taper sur Google pour s’apercevoir que la FAS tente grossièrement de cacher la vérité ; et sans avoir à refaire la liste de la dizaine d‘accidents très graves survenus en 2009-2010, citons seulement trois cas de ces accidents « oubliés »  par la Fédération : la mort à  Lens d‘un technicien Thyssen, le 15 mai 2009 venant après la mort d’un technicien dans un immeuble géré par Loiselet à Paris et avant la mort d’un technicien à Chelles en 2010. Pourquoi la FAS n’en parle pas ?

b) Par ailleurs d’où sort ce chiffre de « prés de 20 % ». Interrogée par nos soins, la FAS n’a - évidemment - rien pu répondre.

Poursuivons.

2. « Le taux de pannes a beaucoup baissé » disent-ils

« On constate trois pannes par ascenseur et par an », dit le document.

● Ceci appelle d’abord une série de questions :

- D’où « sortent » ces chiffres ?
- En quoi peut-on faire confiance à des chiffres qui sont incontrôlables ?
- Pourquoi personne n’a demandé à la Fédération comment elle pouvait sortir de tels chiffres sans préciser et justifier ses sources ?
[A noter : ce chiffre de « trois » est forcément faux, car il est statistiquement impossible qu’on ait une moyenne équivalente à un chiffre rond].

Et si, à l’ARC, nous disions : « La moyenne des pannes relevées sur le parc des copropriétés de France est de 6,3 » !

On le voit, tout ceci est à la fois risible, pas sérieux et inadmissible.

● Mais il faut aller plus loin encore.

En effet, les ascensoristes sont IN-CA-PA-BLES de connaître le nombre réel de pannes.

Il semblerait même - d’après des témoignages recueillis - que lorsque des techniciens se déplacent pour des pannes, certains soient incités à en profiter pour faire quelques contrôles supplémentaires et fassent alors passer leur dépannage pour la « visite périodique obligatoire ». Sachant qu’il y a huit visites obligatoires par an, cela donne une idée des possibles dérives de chiffres.

3. « Les accidents actuels concernent les chutes et les chocs »

Pour finir la FAS répond à la question « : « D’où proviennent aujourd’hui les accidents ? ».

● Avec ce troisième point nous atteignons le sommet de la manipulation.

La Fédération écrit, en effet ceci :

« Les accidents ont pour cause, par ordre de priorité :
- chute liée au décalage des cabines ;
- chocs lors de la fermeture des portes ».

Vous avez noté : la majorité des accidents seraient dus à des différences de niveau !

Naturellement AUCUNE preuve n’existe, aucun chiffre n’est donné, car il n’en existe pas ; il s‘agit là d’un pur « bobard », comme on dit, dont l’objectif est de faire passer le message suivant : « Il faut installer chez vous des variateurs de fréquence ».

Seul problème et de taille : pour qu’il y ait chute il faut que la différence soit de l’ordre de 5 à 10 mm. Or, si une telle différence existe, cela est du non pas à une absence de variateur mais à une absence de réglage par l’ascensoriste, donc à une absence d’entretien, donc à  une absence de respect de son contrat.

« La deuxième source d’accidents ce sont… les chocs dus aux portes qui se referment » !!!

Là aussi absence de chiffres, absence de contrôle possible, du pur « bobard », ceci simplement pour arriver à justifier la pose très coûteuse de cellule optique « toute hauteur ».

II. Où est la vérité ?

On le voit, le document des ascensoristes qui se présente comme un document objectif, est un pur document de communication commerciale.

La vérité est celle-ci :

1. s’il y a effectivement moins d’accidents depuis trois ans c’est uniquement parce que des serrures sécurisées ont été posées dans presque tous les immeubles HLM. Cette seule mesure concernait environ 75 % des accidents et nous y étions favorables. La Loi DE ROBIEN aurait pu s’arrêter là, ce qui aurait fait économiser sept milliards d’euros.

2. Non seulement le niveau des pannes semble n’avoir pas baissé, mais il aurait tendance à augmenter selon deux études réalisées pour le compte du Ministère du Logement :

1) une étude réalisée par la COPREC (qui réunit tous les grands bureaux de contrôle) ;
2) une étude réalisée par l’USH (Union Sociale de l’Habitat).

A noter : c’est le ministère lui-même qui a fait état de la dégradation de la maintenance lors d’une réunion de travail qui a eu lieu le 29 juin 2009, à la Grande Arche, en évoquant ces deux études.

3. Quant aux soit disant accidents mis en avant par la Fédération des Ascenseurs (chutes et chocs) nous exigeons la production des sources et, en attendant, continuons à considérer ces affirmations comme de simples manipulations.

Conclusion :

« Qui vole un œuf vole un bœuf », «  Qui ment un jour ment toujours ». Quel crédit peut-on accorder à une profession qui se permet de faire ce qu’elle veut avec les chiffres comme elle se permet de faire (à peu près) ce qu’elle veut avec les copropriétaires ?

*
Le document de la FAS : « La mise en sécurité des ascenseurs existants » (Avril 2010).