Vis ma vie de gestionnaire de copropriété

20/06/2022 Actu

Le mois dernier, nous avons publié sur le site internet de l’ARC, mais également sur le réseau Linkedin, un article présentant le quotidien d’un conseiller syndical.

A ce titre, nous avons mis en évidence les difficultés pour ce dernier d’obtenir de son syndic les informations de la copropriété pour lui permettre de contrôler la gestion administrative, comptable ou juridique de son immeuble.

Bien sûr, à la suite de cette publication, nous avons reçu une palme de feu des gestionnaires qui, pour défendre leur place au sein de leur cabinet, sont prêts à démentir la réalité et à défendre la profession « en mort clinique ».

Lors d’un entretien d’embauche pour intégrer un poste au sein de notre association, un gestionnaire de copropriété qualifié nous a expliqué pourquoi il souhaitait « passer de l’autre côté du miroir ».

Nous avons souhaité partager son témoignage fort intéressant à travers le concept, cette fois-ci de : « Vis ma vie de gestionnaire ».

I – Un travail mal apprécié

Tout commence à 9h00, je salue mes collègues présents, sachant qu’ils arrivent au bureau plutôt à 10h00.

J’ouvre mes mails avec plus de 15 nouveaux non traités alors qu’hier je suis resté au bureau jusqu’à 20h30 pour être à jour.

Je rappelle à mon directeur que j’attends toujours le renfort promis, sachant que l’assistant est parti depuis trois mois sans être remplacé.

Il m’indique alors qu’il souhaite me parler à midi au sujet d’une promotion.

Lors de cet entretien, il m’annonce que je vais récupérer vingt nouveaux immeubles du fait que le gestionnaire récemment embauché a soudainement démissionné.

Sachant que j’ai déjà 50 copropriétés en gestion, je souris en attendant la suite...

Et là, plus rien, ni merci ni revalorisation de salaire, juste une dernière phrase en prime : « Au fait, ce soir tu vas à l’AG de la copropriété du… n’oublies pas de faire passer les filiales du groupe, le président… sera content de notre performance ».

Nous pourrions encore continuer mais nous préférons arrêter le témoignage ici.

Néanmoins, le plus intéressant reste son analyse de la situation.

II – Des gestionnaires qui restent motivés malgré une insuffisance de moyens

Nous avons souhaité comprendre la situation en lui posant une question : « Comment expliquez-vous ce climat délétère » ?

La réponse est simple : « Du directeur aux assistants en passant par le principal et les gestionnaires, tout le monde est sous pression !

Nous gérons notre temps, mais le temps mis à notre disposition n’est pas suffisant pour assurer nos missions, échanger avec le conseil syndical, répondre aux questions des copropriétaires…

Les gestionnaires se plaignent de ne pas avoir le temps de faire leur travail et pourtant les gérants et présidents de groupes nous demandent de vendre des prestations parallèles développées par leurs filiales, telles que la maintenance 24h/24, lettres électroniques, et j’en passe…

Quant aux formations, elles sont bidon ! Il s’agit avant tout de commerciaux qui essayent de vendre leur soupe ou bien de séminaires qui ont plus comme objectif d’idolâtrer le groupe ou son président, que de nous faire part des nouvelles dispositions légales ou de renforcer nos connaissances.

D’ailleurs, le turn-over au sein du cabinet est hallucinant. Une dizaine de sociétés de recrutement sont missionnées pour faire face au remplacement continu de personnel.

L’ARC a raison, la profession est malade et les gestionnaires sont fatigués d’être les punchingball des copropriétaires et les amortisseurs des gérants qui empochent l’argent.

C’est nous qui devons justifier, en assemblée générale, l’imputation d’une facture injustifiable car illégale, en essayant de tordre la loi et en espérant avoir endormi les copropriétaires

Voilà pourquoi j’ai arrêté mon métier de gestionnaire pour postuler à l’ARC même si, il est vrai que le ton employé dans les articles est souvent agressif avec des termes trempés dans l’acide ».