Comment restreindre l’exercice d’une activité commerciale au sein de notre copropriété ?
Au sein de notre copropriété nous avons un local commercial, à ce jour, il s’agit d’une librairie mais le locataire nous a confié avoir mis fin à son bail. Nous avons peur que le futur locataire installe un bar ou un restaurant car notre règlement de copropriété n’interdit pas cette activité commerciale. Comment faire pour insérer dans le règlement de copropriété des restrictions concernant l’activité commerciale ?
La première chose à faire est effectivement de lire attentivement votre règlement de copropriété afin de savoir dans quelle limite l’activité commerciale peut être exercée. Bon nombre de règlements de copropriété énoncent que l’activité commerciale est autorisée. Ainsi sans limite, toute activité commerciale sans restriction peut être exercée.
Si vous souhaitez restreindre l’exercice de l’activité commerciale, il faudra inscrire une telle résolution à l’ordre du jour de la prochaine assemblée générale.
Selon l’article 26 de la loi du 10 juillet 1965, « l’assemblée générale ne peut à quelque majorité que ce soit, imposer à un copropriétaire une modification à la destination de ses parties privatives ou aux modalités de leur jouissance, telles qu’elles résultent du règlement de copropriété. »
Autrement dit, pour insérer des restrictions à l’exercice de l’activité commerciale, il faut que cette résolution se vote à l’unanimité. Or, l’unanimité est quasiment impossible à obtenir, en effet, il faut que tous les copropriétaires composant le syndicat des copropriétaires participent à l’assemblée générale et votent favorablement à une telle résolution.
Si vous n’obtenez pas l’unanimité, vous ne pouvez pas voter à une majorité moindre, la résolution est purement et simplement rejetée.
Si vous votez à une majorité moindre, sachez que cette résolution pourra être contestée par n’importe quel copropriétaire défaillant ou opposant (qui a voté contre ou qui était absent) devant le tribunal judiciaire dans les deux mois suivant la signification du procès-verbal, pour faire annuler la décision.
La Cour d’appel de Paris est allée encore plus loin le 23 juin 2021 (n° 20/07889) dans une affaire où l’assemblée générale avait, en 2008, modifié le règlement de copropriété au détour d’une décision concernant le copropriétaire d’un lot commercial, en lui imposant de fait des restrictions relatives à la nature de son commerce et à ses horaires d’activité, décision n’ayant pas recueilli l’unanimité des voix des copropriétaires.
La Cour a considéré que la décision, bien que non contestée dans les deux mois précités, devait être annulée, même des années plus tard, au seul regard de la violation des dispositions d’ordre public des articles 8, 9 et 26 de la loi 65-557 du 10 juillet 1965 qui interdisent en substance d’imposer des restrictions aux droits des copropriétaires en dehors de celles qui seraient justifiées par la destination de l'immeuble.
Certes, il ne s’agit que d’une décision d’appel, mais dont la motivation est suffisamment développée pour fortement déconseiller toute tentative de vouloir imposer à un copropriétaire des restrictions au bon vouloir d’une majorité de copropriétaires.
Dès lors, vouloir restreindre l’exercice d’une activité commerciale s’avère quasi-impossible.