Comment gérer les pouvoirs sans indication du nom du mandataire, réceptionnés par le syndic ?
QUESTION :
Lors de la prochaine assemblée générale, le contrat de notre syndic est mis en concurrence, sous l’impulsion du conseil syndical dont je suis le président.
Le syndic a reçu des pouvoirs sans indication du nom du mandataire, et m’indique qu’il les distribuera au fur et à mesure aux copropriétaires qui émargeront la feuille de présence.
Cela est-il conforme à la réglementation ?
REPONSE :
L’article 22 de la loi du 10 juillet 1965 modifié par la loi ELAN précise clairement « lorsque le syndic a reçu des mandats sans indication du nom du mandataire, il ne peut ni les conserver pour voter en son nom ni les distribuer lui-même au mandataire qu’il choisit. »
Par conséquent, votre syndic a l’interdiction légale de distribuer les pouvoirs comme il l’entend ou de les conserver. Ceci afin d’éviter qu’il influence les votes des résolutions, et en particulier la nomination d’un nouveau cabinet de syndic.
De plus, l’article 17 du décret du 2 juillet 2020 a modifié l’article 15-1 du décret du 17 mars 1967 en précisant à qui le syndic devait remettre les pouvoirs, en fixant même un ordre de priorité. En premier lieu, il s’agit du président du conseil syndical.
Par conséquent, il est tenu de vous remettre l’ensemble des pouvoirs sans indication de nom de mandataire qui lui ont été transmis.
Les pouvoirs publics ont donc voulu légitimer le président du conseil syndical en lui donnant le soin de transmettre les pouvoirs sans indication du nom du mandataire, en privilégiant les personnes qui sont en conformité avec la stratégie du conseil syndical.
À défaut de président du conseil syndical, soit parce qu’il n’est pas élu soit parce qu’il n’est pas présent, le syndic doit alors remettre les pouvoirs à un membre du conseil syndical.
À défaut de conseiller syndical, il devra alors les remettre au président de séance après qu’il soit élu, impliquant que les pouvoirs ne pourront pas être utilisés pour sa nomination.
Ce même article précise qu’après que le syndic ait remis les pouvoirs, le détenteur devra à son tour désigner les personnes qui représenteront les mandats.
Pour autant, le président du conseil syndical peut tout à fait « s’auto désigner ».
Attention, il est néanmoins prévu que le mandataire peut recevoir plus de trois délégations de vote si total des voix qu’il détient lui-même et ceux de ses mandants n’excède pas 10 % des voix du syndicat.
Rappelons que l’ordonnance 2020-595 du 20 mai 2020 a étendu ce taux à 15%. Cette mesure est valable pour les assemblées générales qui se tiendront jusqu’au 31 janvier 2021.