Comprendre vos installations d’eau chaude sanitaire (ECS) et adopter les bons réglages

30/10/2015 Dossiers conseils Conseil

Comprendre vos installations d’eau chaude sanitaire (ECS) et adopter les bons réglages

 

Les actions sur le réseau de production d’eau chaude sont souvent négligées. Or, la quantité d’énergie (gaz, fioul, chauffage urbain) utilisée pour réchauffer l’eau chaude sanitaire (ECS) représente souvent un tiers, voire plus, de la consommation d’énergie de votre chaufferie. Pour maîtriser vos charges, il ne faut donc pas négliger cet aspect-là ! Si vous disposez d’une installation collective de production d’eau chaude sanitaire (ECS), nous vous recommandons fortement de vous intéresser à son fonctionnement pour :

  • limiter les consommations d’énergie dédiées à la production d’ECS ;
  • limiter les pertes d’énergie au niveau des canalisations du réseau de distribution ;
  • réduire les consommations au niveau des logements (ce qui relève bien sûr de la responsabilité de l’occupant).

I.Limiter les consommations à la production

 

Il existe différentes technologies de production collective d’ECS : production instantanée (avec un échangeur instantané), accumulée (avec un ballon de stockage), ou semi-instantanée (combinaison des deux techniques). Quelle que soit la technologie utilisée dans votre chaufferie collective, il est certainement possible d’en optimiser le fonctionnement.

  1. Diminuer la température de production

La température de votre eau chaude (que ce soit au niveau du ballon ou en sortie de l’échangeur instantané) ne doit pas être trop élevée, et cela pour 3 raisons essentielles :

  • plus vous réchauffez l’eau à une température élevée, plus les pertes d’énergie sont importantes au niveau du stockage et de la distribution ;
  • les équipements s’usent et se corrodent alors plus rapidement ;
  • enfin, les copropriétaires peuvent être confrontés à l’inconfort d’une eau trop chaude au niveau des points de puisage (sans parler des risques de brûlures).

Le choix entre une température d’eau chaude à 55°C ou à 60°C est loin d’être anodin, et il est donc essentiel d’optimiser la température de production de l’ECS. Pour cela vous pouvez agir sur la consigne de température au niveau de la production.

Mais la température de l’eau ne doit pas non plus être trop basse, sinon il y a un risque de prolifération des légionelles dans les ballons d’eau chaude et dans le réseau de distribution. Pour limiter les risques de prolifération, l'arrêté du 30 novembre 2005 impose des valeurs minimales de température de stockage d'ECS.

  • La température de l’eau chaude sanitaire doit être supérieure ou égale à 50°C en tout point du réseau ;
  • si le volume de stockage est supérieur ou égal à 400 litres, alors l'eau contenue dans les ballons de stockage doit être :
    • en permanence à une température supérieure ou égale à 55°C;
    • ou portée à une température de 60°C pendant 60 minutes toutes les 24 heures.

 

En résumé, nous vous conseillons :

 

  • de fixer la température de production d’eau chaude à 55 ° C ;
  • de faire vérifier régulièrement par le chauffagiste que la température du réseau d’eau chaude ne descend pas en dessous de 50 ° C.
  1. Lutter contre le tartre

L’entartrage des équipements est dû au calcaire présent dans l’eau délivrée par le réseau public. Il a un impact négatif sur les consommations énergétiques, car il diminue la capacité des échangeurs thermiques à transmettre la chaleur à l’ECS. Pour déterminer si vos installations de production sont entartrées, il faut que votre chauffagiste procède soit à un contrôle visuel, soit à des mesures de températures.

 

Le contrôle visuel peut se faire en regardant à l’intérieur d’une canalisation au niveau d’un « by-pass » (endroit où la canalisation est doublée permettant un démontage partiel sans coupure du réseau), par démontage de l’échangeur à plaques ou en regardant à l’intérieur du ballon d’eau chaude. Cette dernière solution n’est pas toujours possible. Dans ce cas, votre chauffagiste devra effectuer des mesures grâce à la pose de sondes de températures pour déterminer si l’échange de chaleur à l’intérieur du ballon est suffisamment efficace.

 

Il existe par ailleurs des systèmes d’adoucissement permettant de limiter le dépôt chronique de tartre. La « dureté » de l’eau est définie par un indicateur, le titre hydrotimétrique (TH)  - exprimé en degrés français f - qui permet de savoir si l’eau du réseau public est susceptible d’entartrer les canalisations de votre copropriété.

 

On trouve des eaux très peu dures (< 10 °f), des eaux peu dures (de 10 à 20 °f), des eaux dures (de 20 à 30 °f) et des eaux très dures (> 30°f). Nous conseillons d’installer un adoucisseur uniquement si le TH de l’eau est supérieur à 30°f (cette information vous est communiquée une fois par an par la régie des eaux de votre commune ou le délégataire de service public et est par ailleurs accessible en mairie).

 

Attention néanmoins à ne pas trop adoucir l’eau : une eau trop douce est une eau corrosive qui ronge les parois des canalisations et favorise donc la formation de fuites. Il est donc déconseillé de descendre jusqu'à 0°F. Les normes NF proposaient un réglage entre 12 et 15°F, les normes CE ne fixent plus de réglages limites.

Si vous installez un adoucisseur, vous devrez également injecter un produit « filmogène » dans l’eau chaude. Le filmogène se dépose à l’intérieur des parois des canalisations, pour parer à tout problème éventuel d’adoucissement excessif de l’eau.

  1. Isoler les équipements de stockage

Si vous constatez une température ambiante élevée dans la chaufferie en dehors de la saison de chauffe, il est possible que le calorifugeage (l’isolation) du ballon et des canalisations en chaufferie ne soit pas suffisant. Le renforcer permettra d’améliorer le rendement général de la production d’ECS.

  1. Rénover la chaudière

Si votre chaudière est ancienne (30 ans ou plus), et plus particulièrement si elle fonctionne en régime « tout ou rien », le rendement ne peut pas être optimal en été. En effet, à cette période de l’année, la chaudière ne sert qu’à réchauffer l’ECS : elle s’allume alors à plein régime, puis s’éteint, puis s’allume à nouveau pour maintenir l’eau à la bonne température, en générant donc d’importantes déperditions de chaleur.

Lors de la rénovation de votre chaufferie, faire le choix d’une chaudière plus performante et à même d’adapter son régime de fonctionnement aux besoins de votre copropriété permettra de fonctionner en « températures basses » et de faire de nettes économies sur le poste ECS. Naturellement, cette solution « radicale » (et coûteuse) est à mobiliser uniquement si une rénovation de chaufferie est prévue dans votre copropriété.

 

II.Limiter les pertes de distribution

 

Il vous faut contrôler l’isolation des canalisations d’ECS, car il est primordial que l’isolant soit en bon état et d’une épaisseur suffisante. En l’absence d’isolation, il arrive parfois que l’eau chaude transfère des calories à l’eau froide si les tuyaux sont trop proches dans les gaines techniques.

 

Par ailleurs, dans la plupart des copropriétés, le réseau de distribution d’ECS est complété par une « boucle » dans laquelle l’eau chaude circule en permanence (voir schéma ci-dessous). Cela vous permet d’avoir de l’eau chaude rapidement quand vous actionnez le robinet dans votre logement.

 

 

Exemple de bouclage sur un réseau ECS avec ballon de stockage.

Étant donné sa longueur, ce réseau de bouclage peut induire d’importantes déperditions thermiques s’il n’est pas suffisamment calorifugé.

Si de gros travaux sont nécessaires sur le réseau d’ECS, il peut être envisagé de repenser le réseau dans son ensemble pour réduire la longueur des canalisations du bouclage, avec maintien d’une circulation permanente au plus près des points de soutirage d’eau. Cette solution, généralement très coûteuse, est à réserver dans le cas de rénovations importantes.

 

III.Limiter les pertes dans les logements

 

La gestion des équipements en parties privatives (douches, robinets…) et les habitudes de consommation des occupants ne relèvent pas de la responsabilité du syndic ou du conseil syndical, cependant vous pouvez sensibiliser l’ensemble des copropriétaires concernant différentes bonnes pratiques.

  • L’intérêt de repérer et réparer les fuites : les fuites en parties privatives peuvent sembler anodines… Mais les traiter permet de faire baisser la facture de manière drastique. Selon Eau de Paris (régie de la ville de Paris en charge de la distribution de l’eau potable) :
    • un robinet qui goutte représente une perte de 25 m3/an ;
    • une chasse d’eau qui fuit : 220 m3/an ;
    • un filet d’eau chaude (par exemple, au niveau du détendeur des ballons d’eau chaude si la production d’ECS est individuelle) : 140 m3/an.

 

  • La mise en place d’équipements « hydro-économes » : il s’agit de mousseurs ou limiteurs de débit à installer sur les robinets et les douches… Selon Eau de Paris, installer un mousseur sur chacun de vos robinets permet de réduire la consommation d’eau annuelle de 10%.

 

  • Les consommations « moyennes » suivant l’usage et la composition du ménage. Pour cela vous pouvez mettre en place une communication à destination des occupants en vous servant des conseils développés dans notre article sur le suivi des consommations d’eau.

Pour plus d’informations pratiques sur l’optimisation énergétique des installations d’ECS, n’hésitez pas à vous procurer notre guide gratuit « Guide de la gestion technique et services de la Copropriété » et surtout notre guide « Copropriété : le manuel de la rénovation énergétique »

Si vous avez besoin d’éclaircissements ou d’un appui complémentaire, n’hésitez pas à contacter notre pôle Chauffage-Eau-Rénovation au 01.40.30.42.82 ou adressez-nous un mail à energie-eau@arc-copro.fr.

 

 

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