En septembre dernier nous avons diffusé sur notre site internet un article s’intitulant « le fake des syndics professionnels », mettant en évidence le malaise des gestionnaires de copropriété.
En particulier, nous avons mis en exergue la pression de la hiérarchie auprès des gestionnaires pour vendre auprès des syndicats des copropriétaires des services marchands parallèles, qui n’apportent aucune plus-value si ce n’est augmenter les profits du cabinet.
Sans surprise, sur les réseaux sociaux nous avons reçu une salve de critiques affirmant que l’on ne connaissait pas la profession et que tout allait bien dans le monde des bisounours des syndics.
Cela étant dit, en parallèle, nous avons eu des commentaires plus discrets de gestionnaires qui nous ont confirmé la réalité des pressions commerciales, et surtout de la mésentente avec la hiérarchie, ce qui explique en partie le turn-over extrêmement important au sein des cabinets.
D’ailleurs, nous avons eu lecture d’un article publié sur la revue « Informations rapides de la copropriété », rédigé par le président de l’Association Nationale des Gestionnaires de Copropriété (ANGC) qui a réalisé une analyse très instructive sur le métier de gestionnaire de copropriété.
Comme nous allons le constater, lorsque le président de cette association parle, les critiques passent mieux, même si elles sont conformes aux propos tenus par l’ARC, et qui vont même encore plus loin.
I. Une pression de la hiérarchie
Voici un extrait du dossier publié sur la revue « Informations rapides de la copropriété » rédigé par le président de l’ANGC :
Les explications d’un turn-over élevé sont nombreuses. Parmi les plus citées, la rémunération intervient dans 22 % des cas, ce n’est donc pas la principale raison. Puisque dans 40 % des cas, c’est une mésentente avec la hiérarchie ou le rachat du cabinet qui est en la cause. D’autres raisons sont encore évoquées comme la pression de la hiérarchie ou une charge de travail trop importante en raison de la gestion d’un portefeuille trop lourd.
Ainsi, les gestionnaires démissionnent principalement car ils sont soit en mésentente soit sous pression, soit encore du fait qu’ils doivent gérer un portefeuille de copropriétés très lourd.
Comme c’est bizarre, c’est exactement ce que l’ARC dénonce. Et pourtant, cette fois-ci, l’analyse passe comme une lettre à la poste.
La difficulté est que les syndics essayent tellement de diaboliser l’ARC, que les gestionnaires se retrouvent contraints de critiquer notre association, même s’ils connaissent la réalité de la situation. C’est en plus un avantage pour eux que des associations comme la nôtre, dénoncent ce qu’ils ne peuvent pas affirmer.
II. Des gestionnaires de copropriété la tête dans le guidon
Selon l’étude publiée, on peut relever que 45% des gestionnaires gèrent entre 40 et 60 copropriétés. Plus inquiétant, 56% des gestionnaires gèrent entre 1000 et 1400 lots.
Ces chiffres démontrent qu’il est pratiquement impossible pour ces gestionnaires d’administrer de façon efficace et dans le temps les immeubles, en définissant avec le conseil syndical une stratégie.
Cela explique également pourquoi certains gestionnaires refusent des réunions avec le conseil syndical, pourtant nécessaires, que ce soit pour contrôler les comptes ou pour définir un plan de rénovation de la copropriété.
Face à ce constat, dans les faits les gestionnaires ne font pas de la gestion de copropriété, mais assurent des tâches d’administration du quotidien.
Dans ces conditions ils ne peuvent pas être des professionnels qui ont la confiance des copropriétaires, pourtant nécessaire pour faire face aux enjeux nombreux, y compris de rénovation, que doivent affronter les copropriétés.