Copropriété en difficulté :
à nos adhérents sont formidables !
ou l’histoire d’une copropriété en grande difficulté qui redresse la « tête » et se mobilise
Dans la série « nos adhérents sont formidables », nous avons eu très envie de vous faire partager l’histoire d’une copropriété qui, grâce à son conseil syndical et quelques soutiens, a pu surmonter les nombreuses difficultés auxquelles elle était confrontée dans un quartier très sensible.
1. Le contexte
Nous sommes en périphérie d’un grand centre urbain, dans une ville très défavorisée où de nombreuses copropriétés sont fragiles ou en difficulté.
C’est aussi une ville qui connaît de graves problèmes liés au « trafic de drogue » appelé pudiquement « économie parallèle ». De nombreux immeubles sont soumis à la loi des dealers de quartiers qui occupent les espaces communs (hall, cours communes, cages d’escalier) et utilisent ces espaces pour mener leurs trafics.
2. Des habitants dépassés
Pour tous les habitants qui vivent dans ces immeubles, le quotidien est le même :
- avoir peur de sortir de chez soi, ou de rentrer le soir après le travail ;
- s’excuser auprès des dealers qui occupent les espaces communs pour pouvoir accéder à son appartement ;
- supporter que ces jeunes (souvent des jeunes adultes) dégradent les parties communes (se réunissent, fument dans les couloirs, voire même les utilisent comme sanitaires…)
- continuer à payer des charges de plus en plus élevées pour un entretien de plus en plus difficile à réaliser.
Des démarches avaient, bien sûr, été tentées auprès de la Police, mais elle-même semblait dépassée…
Pour la plupart des copropriétaires qui vivaient ce calvaire, la seule solution semblait celle-ci : Vendre ! Vendre au plus vite, et quitter le quartier dès que possible.
3. Une lueur d’espoir grâce à la mobilisation des acteurs publics
À force de dénoncer l’inaction de services de police locale, les habitants obtiennent des pouvoirs publics qu’ils fassent intervenir les services de polices de quelques villes voisines.
Et là, un vrai changement s’opère enfin : les policiers sont dans le quartier tous les jours, des cars entiers de police sillonnent les rues du quartier, les habitants se sentent enfin rassurés, et mieux protégés.
Mais cela est insuffisant. Les copropriétaires et occupants sentent qu’il faut qu’ils profitent de ce répit pour s’organiser, reprendre la main. Et c’est vraiment là que commence l’histoire de nos adhérents, celui d’une copropriété de 70 logements.
4. Une mobilisation exemplaire des copropriétaires
Pour commencer, les copropriétaires décident de réagir d’abord en tant que copropriétaires et de ne plus être des spectateurs passifs de la vie de la copropriété.
Motivés par une copropriétaire adhérente à l’ARC depuis de nombreuses années et qui fait adhérer le conseil syndical à l’ARC, ils s’organisent et reprennent la main sur la gestion de leur immeuble :
- après une comparaison attentive de plusieurs contrats de syndic avec l’aide de l’ARC, ils remercient l’ancien syndic qui gérait l’immeuble sans transparence et en imposant ses règles ;
- ils décident de renouveler le conseil syndical et arrivent à convaincre des copropriétaires de rentrer au conseil syndical, y compris des copropriétaires qui ne croyaient plus qu’il était possible de faire changer les choses.
Le conseil syndical renouvelé se met alors en marche et organise des actions collectives où tous les habitants sont conviés à participer à l’entretien de la copropriété. Ces « journées propres » deviennent régulières et permettent :
- de nettoyer tous les halls ;
- de débarrasser les placards des gaines techniques des cages d’escalier de tous les déchets et encombrants accumulés ;
- de repeindre les cages d’escalier, les unes après les autres ;
- de vider les caves ;
- etc.
Le conseil syndical organise ces journées, les habitants donnent de leur temps et de leur motivation, la copropriété paye les factures de peinture et autre petit matériel. En moins d’un an, c’est un changement considérable qui s’opère.
Le conseil syndical communique sur ces journées auprès de tous les occupants, les incite à venir aux prochains rendez-vous, etc.
5. Les effets de cette mobilisation
Puis les copropriétaires décident en assemblée générale de réaliser des petits travaux qui permettent de sécuriser enfin les accès, et font en sorte que rien ne soit dégradé comme auparavant.
Les habitants de l’immeuble ont appris à mieux se connaître et à se soutenir en cas de problèmes. Si l’un d’entre eux découvre un groupe de jeunes qui occupe un hall en rentrant chez soi, il appelle les autres, et tous ensemble, ils se réunissent pour faire quitter l’immeuble à ce groupe.
Chacun donne de son temps, tour à tour, pour arpenter tous les couloirs de la copropriété très régulièrement, vérifier que les actions d’entretien ont été respectées et que personne n’occupe les espaces vides, et aussi pour noter les petits travaux qu’il faudra demander au syndic de réaliser, etc.
6. Un mot de conclusion
Après un tour de la copropriété et la rencontre de plusieurs copropriétaires, nous sommes allés en tant que représentant de l’ARC chez Monsieur F... membre du conseil syndical, dans un bel appartement lumineux et spacieux, où il vit depuis les années 90, alors que l’immeuble était encore neuf.
Il nous raconte sa vie avant la reprise en main de la situation par le conseil syndical, les autres copropriétaires, il nous rappelle sa « démission » en tant que copropriétaire, après avoir été agressé par six jeunes un soir en rentrant chez lui…
Et puis enfin, il nous reparle du changement, il nous montre avec fierté le hall devant chez lui, entièrement repeint sur son temps libre.
On aperçoit à la fenêtre d’une des chambres de son appartement, un panneau « à vendre »…
- « Vous voulez toujours quitter la copropriété ? ».
- « Non, bien sûr que non, ça, c’était avant, mais je ne vends plus mon appartement, je reste ! Je n’ai pas encore pris le temps d’enlever ce panneau, mais maintenant, je n’ai plus du tout envie de quitter mon immeuble ! ».
On se rend alors compte tout le chemin parcouru par ces habitants, en si peu de temps, en quelques mois seulement… et on est très fier de nos adhérents !
ARC – Janvier 2013.