Actuellement, nous assistons à une surenchère de communication entre la société Matera et les associations et chambres professionnelles de syndic où chacun défend son modèle de gestion des copropriétés.
Sûrement pour faire contrepoids à la dernière communication de l’UNIS, la société Matera a publié dernièrement « un publireportage » défendant le modèle de la gestion en syndicat coopératif, même pour de grandes copropriétés.
Pour cela, il a mis en scène un président de syndicat coopératif d’un immeuble composé de 70 lots, démontrant que sa gestion ne présentait pas de difficulté majeure.
Mais voilà, comme nous allons le constater la communication en plus de ne pas être crédible et contreproductive.
Expliquons pourquoi la société Matera est en train de perdre pied avec une communication qui lui échappe et qui démontre selon nous, une volonté de récupérer par tout moyen de la clientèle, même si pour cela on doit en arriver à des aberrations.
I. Un message contradictoire
Nous avons publié en juin 2020 un abus concernant la société Matera qui consistait à dénoncer le témoignage d’un usager qui faisait l’éloge de la solution Matera, qui après investigation de l’ARC s’est avéré être un employé de cette société. (Voir article)
Matera s’est ensuite expliqué en nous indiquant que cet employé avait été embauché justement après avoir été convaincu par cette solution.
A présent, nous avons une autre communication, datant de la semaine dernière, dont le concept est de publier une vidéo sur le réseau social linkedin qui interroge un président-syndic qui utilise vraisemblablement la solution Matera dont voici l’échange :
« Bonjour je m’appelle Kevin … et je suis le syndic coopératif de ma résidence ....
- Syndic bénévole ou syndic coopératif ?
Je dirais syndic coopératif pour le côté collégial de la gestion de la copropriété.
- AG en visio ou AG en physique ?
Assemblée générale en physique, c’est quand même plus sympa de se rencontrer au moins une fois dans l’année.
- Acheter dans le neuf ou dans l’ancien ?
Acheter dans le neuf, parce que pour l’instant c’est mon choix et je n’ai pas encore passé le pas de faire de l’investissement locatif.
- Voter par correspondance ou donner son pouvoir ?
Moi je donne mon pouvoir, j’ai toute confiance en mes voisins pour faire les bons choix lors de l’assemblée générale des copropriétaires. »
Là où la communication commence à perdre en crédibilité est quand on apprend dans les commentaires qui suivent cette vidéo que le président-syndic interrogé qui se prénomme « Kevin » est encore une fois un collaborateur de la société Matera.
Nous reproduisons ici les propres aveux de cette société qui a sûrement voulu prendre les devants :
Plus grave encore, le témoignage de « Kevin » est tout simplement incohérent, démontrant un manque de maturité sur les enjeux de la gestion d’une copropriété et surtout en mode coopératif.
En effet, ce dernier défend le modèle de « syndic coopératif » et d’une assemblée générale en physique pour ses côtés « sympa » et collégial
Pourtant, à la question suivante il répond qu’il donne son pouvoir pour être représenté à l’assemblée générale par un « voisin » impliquant qu’il ne participe pas physiquement à la réunion annuelle des copropriétaires.
Déroutant, alors que ce syndic défendait le principe de l’assemblée générale en physique justement pour son côté didactique.
Plus contestable, alors que « Kevin » est le « président-syndic » qui gère la copropriété devant donner des comptes aux autres copropriétaires, il choisit plutôt de se faire substituer « par un voisin ».
Si ce dernier peut effectivement voter en son nom, il est peu probable qu’il puisse répondre aux questions stratégiques liées à la gestion de la copropriété pour laquelle « Kevin » avait le mandat.
II. Que devons-nous en déduire ?
Il est clair que nous allons assister à une guéguerre entre les professionnels de l’immobilier et la société Matera, où chacun d’eux essaiera de défendre son bifteck.
A ce titre, il est probable que nous aurons droit à une sur-communication démagogique, qui a d’ailleurs déjà commencé avec l’UNIS où chacun essaie de démontrer que sa solution est moins pire que l’autre.
Le conseil syndical ou les syndics non professionnels doivent prendre de la hauteur sur cette polémique pour ne pas être encore une fois le dindon de la farce.
Pour cela, il est essentiel que le conseil syndical ou le syndic non professionnel comprennent d’une part que la société Matera n’est pas un syndic, mais bien une société commerciale et d’autre part que son offre se limite à vendre un logiciel et une assistance.
Si ces derniers sont tout de même curieux de connaitre cette solution, ou bien s’ils se sont fait pécher par différents systèmes de prospection mis en place par Matera (nous reviendrons sur ce sujet dans un prochain article), ils devront savoir avec exactitude où commence et où se finit l’offre.
En effet, la principale critique que nous faisons à la société Matera est qu’elle n’est pas suffisamment claire sur sa prestation, ne sachant pas exactement ce que fait cette société par rapport à ce que doit faire le syndic non professionnel.
La récente communication de Matera est encore une fois une démonstration de comment cette société essaie d’enjoliver, voire dénaturer la fonction et les enjeux du président syndic.
A suivre pour expliquer comment Matera pêche au filet pour récupérer de nouveaux gros poissons.
DROIT DE REPONSE
La société Matera entend apporter la réponse suivante à l’article intitulé « Quand Matera se tire une balle dans le pied avec sa propre communication » :
A titre liminaire, Matera tient à rappeler qu’à l’instar de Matera, l’ARC propose des services « aux syndics bénévoles leur permettant d’assurer la gestion administrative, comptable et technique de leur copropriété ».
Elle se trouve ainsi en situation de concurrence directe avec Matera.
Sur le fond de l’article publié par l’ARC : Monsieur Kévin Marques est devenu client de Matera le 23 juin 2020, la vidéo a été tournée le 15 septembre 2021, Monsieur Kévin Marques est devenu salarié de Matera le 3 janvier 2022, la vidéo a été diffusée le
21 janvier 2022, précisant spontanément que Monsieur Kevin Marques était client et salarié de Matera.
En ce qui concerne les attaques à son égard qui laissent penser que Monsieur Kevin Marques serait un président du conseil syndical « immature », il convient de relever que Monsieur Kevin Marques gère une copropriété de 70 lots avec l’aide de Matera et que l’ensemble des copropriétaires est ravi de son travail et de celui du conseil syndical. Quel est le rapport entre le fait de préférer les assemblées générales en visio ou de donner son pouvoir à son voisin et le fait de gérer sa copropriété avec Matera ? Il n’y en a aucun.
L’objectif de la vidéo publiée par Matera en date du 31 janvier 2022 était de proposer un jeu de questions-réponses à ses clients sur des pratiques de copropriété, l’évolution des règlementations et d’en discuter avec eux. Assemblée générale en physique ou en visio, que préfèrent-ils ? Donner son pouvoir ou voter par correspondance ? Cela ne remet en aucun cas en cause la qualité du travail fourni par Monsieur Kevin Marques. Ainsi, Matera déplore les attaques personnelles à son égard.
A cet égard, la critique de l’ARC selon laquelle Matera « essaye d’enjoliver, voire dénaturer la fonction et les enjeux du président syndic » est parfaitement déplacée, Matera ayant parfaitement conscience du rôle déterminant et exigeant qu’exerce un président de syndic.
Aussi, pour ce qui est de l’affirmation non fondée selon laquelle « la société Matera… n’est pas suffisamment claire sur sa prestation », il sera simplement relevé qu’il est parfaitement clair que Matera propose une plateforme en ligne permettant d’accompagner les copropriétés ayant adopté le mode du syndicat coopératif.
Par ailleurs, Matera a toujours revendiqué avec force qu’elle « n’est pas un syndic ». Le Tribunal de commerce de Paris a d’ailleurs précisément débouté divers syndics professionnels de leur demande de condamnation de Matera pour exercice illégal de la profession de syndic - Tribunal de commerce de Paris, 24 janvier 2022,
n° 2022000002.
A titre conclusif, Matera entend exprimer son étonnement face à l’acharnement de l’ARC à son encontre. La situation du secteur en matière de niveau de charges et de rénovation énergétique mérite un débat d’un autre niveau selon Matera ».
La réaction de l’ARC
Décidément, avec la société Matera tout est aussi transparent que du jus de boudin !
En effet, cette société se targue d’avoir 5.000 copropriétés clientes et, comme par hasard, la seule sélectionnée pour procéder « au jeu de questions/réponses » s’avère être une copropriété où le président-syndic est salarié de Matera.
Le plus extraordinaire est que la vidéo a été tournée le 15 septembre 2021 mais qu’elle n’a été diffusée que le 21 janvier 2022 (soit plus de quatre mois après) sachant que Monsieur Kevin Marques est devenu salarié de Matera le 3 janvier 2022, soit exactement 18 jours auparavant.
Quelle belle coïncidence ! Un conte de fées où le loup devient le prince charmant après un baiser de la belle princesse.
Mais le plus risible reste à venir car la société Matera a sûrement confondu le site de l’ARC avec l’homme sandwich en essayant de récupérer l’audimat de notre site internet pour faire la promotion de sa solution.
En effet, la société Matera indique, dans son droit de réponse, que l’ensemble des copropriétaires et le conseil syndical sont ravis de Monsieur Kevin Marques qui gère une copropriété avec l’aide de Matera.
Nous sommes ravis d’avoir participé à sa propagande mais l’effet placebo ne fonctionne pas toujours. Et pour cause, le seul fait d’avoir pris un salarié de Matera pour faire la promotion du service, démontre, selon nous, une difficulté à obtenir de ses clients un témoignage neutre et éclairé.
Plus que cela, il aurait été plus intéressant de nous expliquer à travers cette vidéo si effectivement la copropriété a réalisé des économies de charges substantielles, comme cela est annoncé sur leur site internet, ou encore quelles sont les tâches que le syndic doit continuer à assurer par rapport à celles prises en charge par la société Matera.
Cette question reste en suspens car sur le droit de réponse est indiquée la formule suivante : « Matera propose une plateforme en ligne permettant d’accompagner des copropriétaires ayant adopté le mode du syndicat coopératif ».
Et pourtant, dans un autre droit de réponse de Matera (voir:https://arc-copro.fr/documentation/quand-matera-se-tire-une-balle-dans-le-pied-avec-sa-propre-communication) elle affirme être un agent de prestataire de services de paiement et sur son site internet indique carrément gérer les fiches de paie.
Alors, la question reste entière….. Qui est Matera ? Un syndic sans être syndic tout en étant pas responsable de la gestion de la copropriété ?
Pour finir, nous ne pouvons pas laisser sous silence la dernière phrase de ce droit de réponse qui est tout simplement abracadabrantesque.
Pour mémoire, la voici : « La situation du secteur en matière de niveau de charges et de rénovation énergétique mérite un débat d’un autre niveau selon Matera ».
Voici donc le nouvel alibi : le niveau des charges et, bien sûr, la rénovation énergétique.
C’est évident, il ne faut plus dénoncer les abus et actions commerciales de la société Matera car la rénovation énergétique mérite un débat d’un autre niveau…
Quel est le rapport ? Après tout, les voies du seigneur sont impénétrables…