Une étude de la FNAIM qui fait doucement sourire :
la contre-proposition de l’ARC
À l’occasion de son congrès annuel, la FNAIM a, pour la deuxième fois, réalisé une étude auprès d’un institut de sondage (l’IFOP) pour connaître « le baromètre de confiance à l’égard de la profession immobilière ».
Les résultats sont particulièrement évocateurs et pour le moins impressionnants.
En effet, selon cette étude, tout est « au vert ». Et même, les résultats sont encore meilleurs que l’édition précédente.
Il est donc peut-être question pour l’ARC de savoir si son objet social a encore lieu d’être, puisque tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes entre syndics et copropriétaires.
Néanmoins, avant de baisser le rideau, nous allons vérifier quelques conclusions parmi les magnifiques résultats présentés par la FNAIM suite à cette enquête, et essayer de comprendre comment ces résultats ont été obtenus.
I. Des résultats qui posent encore plus de questions
Le premier résultat présenté concerne la confiance accordée aux professionnels.
Selon cette étude, 69 % des personnes interrogées font « tout à fait confiance » ou « plutôt confiance » aux professionnels de l’immobiliers. Mais qui parle à qui ? De quels professionnels s’agit-il ? De syndics de copropriétés ou d’agences de location ? Qui est interrogé ? Propriétaires, copropriétaires, locataires ?
N’y a-t-il pas une confusion dans les résultats obtenus entre les personnes interrogées à l’égard de leur agence immobilière avec celles qui répondent vis-à-vis de leur syndic ?
Poursuivons et arrêtons-nous sur un deuxième résultat. Dans cette partie intitulée : « Syndics bénévoles VS Syndics professionnels », 54 % des personnes interrogées opteraient pour un syndic bénévole, avec pour principale raison, un gain économique.
En parallèle, les syndics professionnels ne recueillent en moyenne que 46 % du choix des personnes interrogées (suite à quelles questions précisément ?).
Mais l’étude met aussi en avant en pourcentage de 75 % sur le même sujet… incompréhensible !
La réelle difficulté pour comprendre les résultats de cette enquête, c’est que nous ne savons pas quelles sont les véritables questions posées aux personnes interrogées, ni le choix de réponses qui leur a été présenté.
Difficile alors de comprendre avec exactitude de quoi parlent les résultats.
II. Sur quelle base a été réalisée cette étude ?
Plusieurs sites spécialisés reprennent en boucle cette étude en applaudissant des deux mains quant aux résultats présentés sans vérifier les modalités de réalisation de l’enquête.
Et pour cause, aucun élément n’est mentionné sur la présentation faite par la FNAIM.
Nous avons donc décidé de repartir des sources, en vérifiant sur le site internet de l’IFOP les modalités de réalisation de cette étude.
Voici donc ce qui est écrit :
« Échantillon de 1001 personnes, âgées de 25 à 75 ans et ayant été en contact avec un professionnel de l’immobilier au cours des cinq dernières années.
La représentativité de l'échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing) du 28 octobre au 06 novembre 2015. »
Ainsi, au-delà du fait que cette étude a été menée uniquement sur 1001 personnes pour présenter des conclusions qui concerneraient plus de 7 millions de copropriétaires, ce questionnaire a été réalisé auprès de personnes ayant, de manière indifférente, été en contact avec un syndic ou avec une agence immobilière au cours des cinq dernières années.
Autant comparer des choux avec des carottes, d’autant plus que depuis les cinq dernières années certains doivent être un peu pourris !
Chacun pensera ce qu’il veut de cette étude. Pour nous, elle n’a aucun sens, ni aucune cohérence.
III. Que propose l’ARC ?
Voici un projet intéressant que nous proposons de partager avec les chambres syndicales ainsi que l’association Plurience (qui regroupe les grands cabinets de syndics) : la réalisation d’une étude sérieuse sur la satisfaction et les attentes des copropriétaires vis-à-vis de leur syndic.
Cette étude devra être assez représentative et surtout cohérente, notamment en posant des questions claires et en proposant des choix de réponses sans ambiguïté.
Voici donc le courrier envoyé aux chambres professionnelles ainsi qu’à l’association Plurience :
« Monsieur,
En tant que directeur général de la principale association représentative de syndicats de copropriétaires - comptant 14000 immeubles - nous souhaitons, avec votre chambre professionnelle, réaliser une enquête commune et partagée afin d’étudier la satisfaction et les attentes des copropriétaires vis-à-vis de leur syndic.
En effet, nous avons pris connaissance de l’étude réalisée auprès de l’institut de sondage IFOP concernant la confiance à l’égard des professionnels de l’immobilier, qui nous laisse cependant pour le moins perplexes.
Et pour cause, selon les éléments indiqués sur le site internet de l’IFOP, cette étude a été réalisée sur 1001 personnes, sans distinguer s’il s’agit de copropriétaires ou de locataires ou encore sans savoir sur quel « type » de professionnels ils répondent.
Nous vous proposons donc de convenir, de manière concertée, de la réalisation d’une enquête que nous réaliserons sur l’ensemble du territoire français afin d’avoir une véritable visibilité sur la satisfaction et les attentes des copropriétaires vis-à-vis de leur syndic.
Vous pouvez, comme à votre habitude, ne pas répondre aux sollicitations de l’ARC ou bien saisir cette opportunité pour « redorer » l’image de la profession d’administrateurs de biens.
Je tiens à vous préciser que, pour notre part, nous réaliserons cette étude avec ou sans votre participation auprès d’un institut de sondage indépendant, sur la base de questions et de choix clairement définis.
Nous vous invitons à répondre avant la fin du mois de janvier afin de pouvoir éventuellement commencer à travailler le plus tôt possible sur l’élaboration du questionnaire.
Nous restons à votre disposition pour en discuter et vous prions de recevoir, Monsieur, nos salutations distinguées.»