Le syndic peut-il refuser de nous communiquer le grand-livre sous prétexte de confidentialité envers les copropriétaires ?
Le syndic peut-il refuser de nous communiquer le grand-livre sous prétexte de confidentialité envers les copropriétaires ?
Question :
« Un syndic peut-il refuser de communiquer au conseil syndical le grand livre comptable de l’immeuble ? Suite à notre demande, voici la réponse qui nous a été apportée par notre syndic d’un cabinet indépendant de Maisons-Alfort (94), affilié à la FNAIM : "vous n’avez pas à connaître comment règlent les copropriétaires, cela relève du domaine privatif, c’est comme si vous regardiez les comptes bancaires de chacun". Est-ce vrai ? Comment doit-on réagir ? »
Réponse :
Il est incroyable que nous soyons si régulièrement saisis sur ce genre de question de la part de nos adhérents. En effet, rappelons que nous avons déjà consacré deux réponses de l’expert à des problèmes similaires:
- « Mon syndic professionnel refuse de mettre dans l’extranet de la copropriété, dans l’espace sécurisé destiné au conseil syndical, le grand livre actualisé ainsi que les relevés bancaires. En a-t-il le droit ? » : www.arc-copro.com/sgt3 ;
- « Le syndic refuse de nous communiquer le grand livre « pour le moment » et nous demande d’attendre… Est-ce normal ? » : www.arc-copro.com/uw3a.
Rappelons avant tout chose que le grand-livre comptable est l’histoire détaillée d’un syndicat des copropriétaires sur une période donnée, avec toutes les écritures comptables enregistrées pour chacun des comptes ouverts dans la comptabilité. Il permet pratiquement de tout savoir pour qui sait le « lire ». Le grand livre est ainsi indispensable à un vrai contrôle des comptes et est réclamé par nos contrôleurs lorsqu’ils interviennent pour le compte des conseils syndicaux adhérents.
La réponse est NON, le syndic n’a en aucun cas le droit de refuser de communiquer le grand livre de la copropriété au conseil syndical : il s’agit d’une entrave aux droits donnés au conseil syndical par la loi d’ordre public du 10 juillet 1965.
Misère et désolation ! Nous sommes donc en 2016 et il se trouve encore quelques professionnels pour raconter n’importe quoi aux conseils syndicaux afin de soustraire à leurs obligations. Le pire est que nous pensons que – dans certains cas – il ne s’agit même pas de mauvaise foi…
Les vrais professionnels savent que la loi a donné pouvoir au conseil syndical d’assister et de contrôler le syndic (art. 21 de la loi du 10 juillet 1965). Ainsi, un conseiller syndical, agissant au nom du conseil, « peut prendre connaissance et copie […] de toutes pièces ou documents, correspondances ou registres se rapportant à la gestion du syndic et, d'une manière générale, à l'administration de la copropriété ».
Il n’y a donc aucun secret à opposer au conseil syndical, lequel doit avoir accès à TOUT document, donc évidemment au grand livre, y compris au détail des comptes des copropriétaires.
L’analyse des comptes des copropriétaires à travers le grand livre peut par exemple permettre au conseil syndical de mettre en place un suivi efficace des actions du syndic en cas de d’impayés de charges.
Le syndic dont il est question a donc tort et, au lieu de raconter n’importe quoi, devrait demander l’avis du service juridique de la FNAIM.
Naturellement, il ne tient sans doute pas vraiment à ce que le conseil syndical puisse analyser sa gestion au travers du grand livre.
Nos juristes ou nos contrôleurs de gestion peuvent assister les conseils syndicaux adhérents collectifs qui se trouveraient quelque peu démunis face à ce genre de refus : après un simple rappel à la loi, mise en demeure, rendez-vous en présence d’un huissier ou encore injonction de faire sous astreinte sont quelques armes qui peuvent être utilisées par les conseils syndicaux face à des syndics récalcitrants.
Terminons par un conseil : quand un syndic en est réduit à ce genre d’expédients, il est plus que temps de songer à aller voir ailleurs…