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Les revues "bulletins de l'ARC"
Revue n°147 Janvier 2025
Comment tirer un meilleur parti du compteur Linky ?
Depuis fin 2015, l’ensemble des compteurs électromécaniques ‘bleues’, ou télé relevables ont été peu à peu remplacés.
Maintenant qu’ils sont là, essayons d’identifier les fonctionnalités utiles de ce nouvel appareil de comptage afin de les exploiter au mieux.
Rappel de l’état antérieur :
- Les anciens « compteurs bleus » ne possédaient, bien sûr, aucune fonctionnalité de relevé automatique des consommations et obligeaient donc, soit d’être présent le jour où le ‘préposé’ passe pour ‘relever les compteurs’ (cette mission étant d’ailleurs souvent dévolue à des entreprises sous-traitantes avec les difficultés de gestion des accès que nous connaissons tous en copropriété..), soit de transmettre un relevé manuscrit sur la porte, par courrier ou téléphone au fournisseur.
En cas d’absence de relevés fiables sur une trop grande période un contrôle in-situ est quand même diligenté (la confiance n’excluant pas le contrôle..), à minima une fois par an, celui-ci donnant lieu à une régularisation des facturations précédentes estimées.
Par ailleurs il est important de noter que c’est la création d’un champ électromagnétique de relativement faible intensité qui engendrait la rotation de la roue de comptage, sans pratiquement aucune consommation inutile. La rotation de la roue crantée indiquait la consommation actuelle et actionnait un compteur mécanique
- Les « compteurs électroniques » ayant précédé le Linky ne nécessitaient pas une telle lecture manuelle des consommations et donc une présence du client lors du relevé par le préposé.
Pour autant celles-ci n’étaient pas transmises automatiquement au GRD mais relevées en même temps que tous les compteurs de ce type installés dans l’immeuble au niveau d’un capteur unique (on parle couramment d’une ‘ventouse’) situé en partie commune et sur lequel le préposé venait coller son récepteur. La présence physique d’un préposé étant ainsi quand même indispensable dans l’immeuble et le relevé n’ayant lieu que 2 fois par an.
I - Ce que fait un Linky
Le Linky, lui, est dit « communicant » :
On peut y consulter, via l’affichage déroulant :
- le nom du titulaire du contrat,
- L’option tarifaire souscrit (de base, HP/HC),-L’index de consommation électrique cumulée depuis la mise ne service initiale (sauvegardé pendant 20 ans),
- le PRM ou PDL, (N° à 13 chiffres)
- la puissance souscrite au contrat exprimée en kVA
- la puissance apparente instantanée en kW (puissance consommée au moment de la lecture)
- la puissance maximale consommée dans la journée (remise à zéro à 0h00)
Les consommations sont relevées en continu et transmises tous les jours via le réseau public qui recueille et relais de proche en proche les informations collectées.
Il transmet chaque nuit les informations collectées dans la journée, informations que vous pouvez consulter sans frais, avec 24 heures de décalage, sur le site de votre fournisseur.
II - Le Linky est dit « intelligent »
En enregistrant la puissance maximale consommée au jour le jour et en la transmettant à votre fournisseur, vous pouvez évaluer via votre compte client si votre puissance souscrite est adaptée à vos besoins ou si vous devez décaler certains usages les uns par rapport aux autres (coupure du BEC[1] quand le lave-vaisselle ou la machine à laver tournent, programmation des radiateurs) pour réduire vos coûts d’abonnement
Vous pouvez aussi poser sur votre compteur, via la connectique prévue à cet effet et appelée [2]TIC, au moyen d’un module dédié qui permet de collecter les informations collectées par le compteur. Suivant le mode de communication choisi vous pouvez ainsi consulter en temps réel toutes les données disponibles via un smartphone ou une application sur ordinateur.
Certaines applications gratuites comme « Hello Watt » permettent de suivre votre consommation à distance depuis un ordinateur ou un smartphone et d’être alerté d’un dépassement de budget fixé à l’avance. Les informations fournies sont multiples.
Comme les compteurs électroniques précédents, le Linky possède une interface qui permet de piloter un contacteur HP/HC[3] pour enclencher durant les heures de bas tarif les gros consommateurs de votre logement (BEC à accumulation par exemple).
Conseil de l’ARC pour la copropriété : dans la recherche d’économie, cette surveillance des puissances maximales enregistrées permet de vérifier ou de confirmer que l’abonnement est en adéquation avec les besoins.
En effet, les campagnes d’amélioration sur les éclairages ou les usages (suppression du chauffage électrique dans les parties communes par exemple), peuvent avoir amené une baisse sensible de vos besoins qui peut permettre de diminuer votre abonnement services généraux.
III - Le Linky est dit « télé opérable »
Le flux des informations allant depuis le compteur vers le GRD[4] mais aussi du GRD vers le compteur, ce qui permet par exemple de modifier sans intervention physique sur le compteur votre abonnement pour en changer la puissance ou mettre en place un tarif HP/HC. Ainsi le GRD a la possibilité de piloter à distance la puissance souscrite du compteur qui peut changer entre deux clients qui se succèdent.
IV - Le Linky est réputé « inviolable »
Un contact permet d’informer instantanément le GRD de l’ouverture du boitier où sont logés les câbles d’arrivée depuis la colonne publique de départ du courant vers le disjoncteur de tête. Une intervention directe sur les modules électroniques du compteur, outre qu’elle nécessite d’ouvrir le boitier, demande des connaissances très pointues en électronique et informatique et aussi sans doute des clés de chiffrage très sécurisées.
V - Le Linky est « plus sensible » :
La précisions des équipements de mesure électroniques n’est plus à prouver et est sans aucun doute très supérieur aux anciens systèmes mécaniques. En contrepartie cette sensibilité se paye par moins de souplesse dans les potentiels dépassements de puissance que les modèles électromécaniques.
En cas de dépassement de puissance c’est d’ailleurs le contacteur interne du Linky qui coupe l’arrivée du courant, pas le disjoncteur de tête associé qui assure lui essentiellement un contrôle des fuites de courant avec une sensibilité de 300mA.
VI - Le Linky est « plus tolérant »
Du moins du point de vu de la gestion des impayés, en effet sur les compteurs précédents, en cas d’impayé de la part du client, et après que le fournisseur ai épuisé les délais légaux obligatoires, la puissance de la ligne était réduite en changeant les fusibles ‘GRD’ à l’extérieur du logement, par des calibres de 1kW maxi (le minimum pour assurer l’éclairage, la conservation de la nourriture et les communications).
Si cette puissance était dépassée, les fusibles étaient à remplacer ce qui à nouveau nécessitait un déplacement du GRD, lequel bien sûr n’était ni instantanée ni gratuit…
Avec un Linky, grâce à la télé opérabilité, la réduction de puissance en cas d’impayé, toute en respectant les même procédures et délais, peut se faire à distance.
En cas de dépassement du seuil de 1kW le Linky coupe et affiche un message qui inclut les modalités de réarmement qui se fait instantanément par l’abonné sur le Linky (appui long d’une des deux touches) sans nécessiter de déplacement de la part du GRD (et donc de facturation supplémentaire).
Dans certaines conditions sociales de l’abonné (chèque énergie, FSL[5]) la trêve hivernale peut même mettre fin temporairement à ce bridage du compteur, et ceci de manière automatique.
VII - Le Linky est « compatible avec le photovoltaïque »
En effet, il permet de décompter non seulement l’énergie qui va vers l’utilisateur, mais aussi celle qui est déversée dans le réseau public par une production locale (essentiellement photovoltaïque) faisant la balance entre les 2 flux électrique.
Cette fonction n’était pas envisageable précédemment.
Conclusion :
Pour être complet Il faut replacer l’arrivée du Linky dans un contexte historique et comparer ce changement massif des appareils de comptage actuels avec celui qui a eu lieu au milieu des ‘30 glorieuses’ (1945/1975) quand EDF incitait à changer de compteur en passant de l’antique compteur noir au moderne compteur bleu (en augmentant au passage la puissance et en passant pour des raisons techniques d’une tension de 110 à 220 Volts) pour doper la consommation électrique des foyers.
On déplorait alors qu’un « français moyen » des années 60 ne consommait ‘que’ 550kWh/an pendant que son homologue « étasunien » en consommait 7 fois plus, signe évident de sous-développement de notre part ! Un article de La Revue de l’Énergie (n° 621 – septembre-octobre 2014) traite ce sujet de manière assez pertinente[6] .
Aujourd’hui c’est la crise de l’énergie, les coûts qui s’envolent et la nécessité de consommer moins, mieux et plus local (même en matière d’énergie) qui incitent notamment à la mise en place de ces compteurs qui permettent aussi de vérifier que son abonnement n’est pas surpuissant par rapport à nos besoins.
Ces compteurs, maintenant plus si nouveaux que cela, semblent objectivement assez performant et fiables.
Ils ont été adoptés massivement par les usagers (35 millions de compteurs fin 2021) qui dans leur immense majorité le vive sans aucune difficulté.
Libre à chacun d’en tirer le meilleur parti pour économiser l’énergie et faire en sorte que la consommation du « français moyen » que nous sommes diminue et s’éloigne le plus rapidement possible de celle d’un « étasunien », pour info la nôtre est actuellement de 2 275kWh/an/habitant.
Il parait au final probable qu’à eux seuls le surcoût liés aux relevés manuels 2 fois par an qu’impose la persistance des anciens compteurs non-communicant, et la rénovation progressive des colonnes montantes dont le compteur est la partie terminale, permettent de convaincre, petit à petit et sans trop de heurts, les derniers utilisateurs qui hésitent à sauter le pas.