L’enquête placebo de la FNAIM Pays de Loire

08/05/2018 Actions Action

Le 19 avril dernier, la FNAIM a diffusé un communiqué de presse dans lequel on peut lire, entre autres, que « 84 % des sondés jugent les prestations de leur syndic satisfaisantes ou très satisfaisantes ».

Une étude qui rompt donc avec la jurisprudence « constante » qui présente plutôt une rupture de confiance des conseillers syndicaux et des copropriétaires vis-à-vis des syndics.

Nous avons donc voulu entrer dans le détail de cette étude afin de mieux apprécier les résultats présentés.

Premier élément intéressant, le panel interrogé est composé de seulement 2 045 conseillers syndicaux et copropriétaires, sans plus d’indication, ce qui ne permet donc pas de faire la part entre ces deux acteurs.

Plus inquiétant, il n’est pas possible, à travers les questions, de déterminer la proportion des personnes interrogées, or cet élément change la donne, l’angle de vision et d’approche n’étant pas nécessairement identique selon que l’on est  copropriétaire ou bien conseiller syndical.

Regardons de plus près cette étude « miraculeuse », de laquelle émergent « quelques » bizarreries.

I. Une satisfaction toute relative

Voici donc la cinquième question relative à la satisfaction des personnes interrogées :

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En observant la question, qui sert de socle à cette annonce relative à la satisfaction d’une grande majorité des copropriétaires, on remarquera que sur 2 045 personnes interrogées, seules 1 736 ont répondu, impliquant que 309 personnes, soit plus de 15 %, se sont abstenues.

Pourquoi ? Nous n’en savons rien.

D’ailleurs, il est intéressant de remarquer que la FNAIM parle de « sondés » et non de copropriétaires ou de conseillers syndicaux, laissant planer un doute sur la proportion des personnes interrogées.

Mais il y a plus contestable. La formulation exacte de la question est en effet la suivante : « Comment percevez-vous globalement les prestations des syndics ? »

Et tout est là : il ne s’agit que d’une perception globale, ce qui est différent d’un jugement relatif à la satisfaction sur les prestations fournies par les syndics.

Nous avons-là un flagrant délit de l’art et la manière utilisés par les syndics pour s’arranger avec la réalité, ou dans d’autres occasions, avec les textes de loi.

II. Un résultat qui manque de cohérence

L’étude démontre que 57,8 % des personnes interrogées considèrent que les nouvelles obligations de la loi ALUR sont utiles et synonymes d’une réelle amélioration du syndic.

Voici donc les résultats présentés :

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Néanmoins, ces résultats nous laissent perplexes car les exemples de nouvelles obligations énumérées dans la question n’ont soit aucune relation directe avec la gestion de la copropriété, ou même …sont facultatifs.

Et pour cause, il s’agit de l’obligation d’immatriculation des copropriétés qui est transparente pour le syndicat des copropriétaires, ou encore du diagnostic technique global qui est facultatif, et que très peu de copropriétés ont réalisé.

Quant au compte bancaire séparé, il est obligatoire depuis plusieurs années, et bien avant la loi ALUR qui a seulement supprimé la possibilité de voter la dérogation.

Alors comment expliquer ces résultats par rapport à la question posée ?

Nous laissons la FNAIM répondre, sachant qu’elle excelle pour avoir réponse à tout.

III. Conseiller syndical : un investissement temps de moins de 3 heures …par AN !

L’enquête a eu le culot de présenter une question qui indique que sur 1 525 conseillers syndicaux interrogés, la majorité affirme passer moins de trois heures par AN à assurer ses tâches.

Alors, pour les novices en copropriété, car les autres rient déjà, reprécisons au minimum le temps que passe un conseil syndical dans sa mission de contrôle et d’assistance.

Pour réaliser le contrôle des comptes ? Il faut compter au minimum deux heures…

Pour élaborer l’ordre du jour en concertation avec le syndic, il faut à minima une heure trente.

Nous sommes déjà à 3h30…sauf à ce que la FNAIM considère que la concertation préalable à l’assemblée n’est pas requise ?

A cela s’ajoutent : les visites de l’immeuble avec le syndic, le suivi des prestataires, le choix des sociétés lorsque le conseil syndical a une délégation de pouvoir, les appels d’offres, la mise en concurrence des contrats de syndic, le suivi des travaux, la recherche d’informations pour faire face au manque de formation des syndics.

La liste est longue !

En réalité le conseil syndical passe à minima 20 heures par an pour assister le syndic dans la gestion de sa copropriété, auxquelles on peut encore ajouter la participation à des formations pour se tenir au courant des nouvelles évolutions légales ou réglementaires, nous sommes bien placés pour en parler… nous formons les conseilleurs syndicaux.

Alors, Messieurs de la FNAIM, un peu de sérieux, reprenez votre copie et vérifiez qu’il s’agit d’une étude qui reflète la réalité de la situation nationale et non pas d’une exception locale ….