Nous avons publié en mai dernier un article dénonçant l’enquête menée par la FNAIM dans laquelle les questions étaient formulées de telle sorte que dans tous les cas, les syndics s’en sortent à bon compte (voir article : Lorsque la FNAIM essaie de mieux comprendre et défendre les membres du conseil syndical ça donne ça !).
Demain (le 3 juillet 2019), la FNAIM présentera les résultats de son enquête, indiquant dès à présent que 65 % des copropriétaires sont satisfaits de leur syndic, soit plus de 2/3 des copropriétaires.
Bon, alors il est temps pour l’ARC de « fermer boutique » si, après tout, les copropriétaires sont satisfaits de leur syndic.
Ceci étant, essayons de faire un état des lieux de la situation afin de vérifier si ce résultat est effectivement parlant.
I. Une chambre professionnelle de syndics qui ne s’adresse pas à ses clients
L’erreur de cette enquête est que la FNAIM annonce sur les toits que les copropriétaires sont satisfaits de leur syndic.
Or, les syndics ne gèrent pas les copropriétaires, mais une copropriété avec des parties communes et des équipements collectifs représentés par une personne morale qui est le syndicat des copropriétaires.
Ainsi, s’il fallait évaluer les syndics et déterminer si effectivement leur gestion est satisfaisante, il aurait fallu interroger le conseil syndical et non les copropriétaires.
Et pour cause, c’est le conseil syndical qui est élu par les copropriétaires pour contrôler la mission du syndic et qui est donc en mesure d’apprécier sa gestion des copropriétés.
Il est effectivement plus facile de demander aux copropriétaires s’ils sont satisfaits d’un professionnel avec qui ils n’ont pas de lien direct si ce n’est pour avoir des informations sur leurs appels de fonds ou en cas de fuite d’eau émanant des parties communes sur leur bien privatif.
Il est regrettable que la FNAIM n’ait pas fait d’effet d’annonce sur le pourcentage de conseillers syndicaux satisfaits de leur syndic, notamment sur la réalité de l’élaboration concertée de l’ordre du jour (entre le syndic et le conseil syndical) ou bien encore sur la remise des documents.
II. Comment les copropriétaires peuvent-ils être satisfaits de leur syndic ?
Même en faisant abstraction du point précédent, on peut s’interroger sur ce taux flatteur.
Et pour cause, n’allons pas loin et restons autour des frais privatifs pratiqués par les syndics professionnels que ce soit en matière d’actes contentieux, d’état daté ou de copie des documents.
Pour mémoire, jusqu’à 150 euros la mise en demeure, plus de 600 euros l’état daté, 120 euros la copie d’un diagnostic ou du procès-verbal de l’assemblée générale…
Ainsi, si on demandait à un copropriétaire : « Êtes-vous satisfait de payer ne serait-ce que 50 euros pour une mise en demeure ? », la réponse serait « oui » ou « non » ?
Idem, lorsqu’un copropriétaire est contraint et forcé de payer 500 euros l’état daté pour pouvoir vendre son lot, est-il satisfait ou non, sachant qu’en parallèle, les concepteurs de logiciels indiquent que cela se fait en deux minutes (voir l’article : Le prix de l’état daté plafonné à 250 euros ?).
Les exemples de ce genre ne manquent pas, avec bien souvent une extrême difficulté pour les copropriétaires de faire entendre raison au syndic lorsqu’il impute abusivement des sommes à la charge du copropriétaire.
Ainsi, chers syndics, il y a deux solutions pour ne pas avoir mal : ne pas se cogner ou bien utiliser l’effet placebo en indiquant : « tout va bien, les copropriétaires sont satisfaits »…