Comment accélérer le recouvrement des impayés de charge ? (émission vidéo)
La loi ELAN du 23 novembre 2018 applicable depuis le 25 novembre 2018 a réformé le recouvrement des charges en modifiant en profondeur l’article 19.2 de la loi du 10 juillet 1965, qui permet désormais de recouvrer toutes les charges de copropriété dans le cadre d’une procédure unique et accélérée.
Madame Martine WAKIN, juriste à l’ARC spécialisé dans le domaine du contentieux, va nous dire tout d’abord, quelles charges peuvent être recouvrées avec cette procédure ?
Toutes les charges de copropriété :
- Les charges du budget prévisionnel de l’article 14-1 de la loi du 10 juillet 1965 qui concernent les dépenses habituelles de la copropriété, les travaux d’entretien et la maintenance des équipements collectifs ;
- Les charges de travaux de l’article 14-2 de la même loi, non comprises dans le budget prévisionnel et qui font l’objet d’une résolution particulière et d’un vote à l’assemblée générale ;
- La cotisation du fond travaux de l’article 14-2 obligatoire depuis le 1er janvier 2017. Son montant minimum légal correspond à une somme équivalente à 5 % du budget prévisionnel.
Cette procédure va permettre de recouvrer :
- les appels de charges (courantes et de travaux) de l’exercice en cours qui sont échues (les dates d’échéance sont dépassées),
- les arriérés de charges (courantes et de travaux) des exercices comptables clos précédents après approbation des comptes,
- les charges (courantes et de travaux) non encore appelées parce que leur date d’échéance n’est pas encore survenue : de façon anticipée elles deviennent exigibles du fait de la règle appelée « la déchéance du terme » qui fait que la globalité de la somme devient exigible sans avoir à respecter les dates d’échéance.
Comment mettre en place cette procédure ?
IL faut :
- Effectuer une mise en demeure en recommandé avec accusé de réception
Trois clauses sont à insérer obligatoirement dans celle-ci :
- le montant de la somme due ;
- que le copropriétaire débiteur dispose d’un délai de 30 jours pour régler la dette à compter du lendemain de la réception de celle-ci ;
- que cette procédure est spécifique dans le sens où elle permet de recouvrer, en cas de mise en demeure de 30 jours restée infructueuse, les provisions de charges courantes du budget prévisionnel, les charges travaux votées, de façon anticipée les provisions de ces charges non encore appelées ainsi que le fonds travaux et les arriérés de charges des exercices clos.
- Saisir le Président du Tribunal Judiciaire du lieu de la situation de l’immeuble dans le cadre d’une procédure spécifique qui s’appelle : « Procédure au fond accélérée article 19-2 de la loi du 10 juillet 1965 ».
Cette procédure :
- est possible quel que soit le montant de la créance (il n’y a pas de seuil de demande),
- le ministère d’avocat n’est pas obligatoire mais recommandé,
- saisine par voie d’assignation (délivrée par huissier) :
- le demandeur est le syndicat des copropriétaires représenté par son syndic
- le défendeur est le copropriétaire défaillant
C’est donc une procédure contradictoire.
Comment faire appliquer la décision rendue ?
A l’issue de la procédure, l’ordonnance vaut jugement sur le fond (article 492-1 du Code de procédure civile), ce qui permet une exécution provisoire.
Cette procédure doit permettre, une fois la décision obtenue, de pouvoir mener une saisie en cas de défaut de paiement lors de l’exécution du jugement et notamment la saisie immobilière (si elle a été votée en assemblée générale).
En résumé :
- La procédure prévue à l’article 19-2 a vocation à être la procédure unique de recouvrement accéléré des charges ;
- Elle permet de recouvrir la totalité du compte débiteur d’un copropriétaire défaillant ;
- Elle permet une exécution provisoire.
Recommandations de l’ARC :
- Mettre en place un protocole de recouvrement des charges devant être validé en ag et que le syndic devra suivre ;
- Vérifier que les honoraires liés au contentieux prélevés par le syndic sont conformes à la réglementation et notamment à ceux indiqués dans son contrat ;
- Vérifier que les sommes facturées et éventuellement déboutées par le tribunal soit remboursées au syndicat et pas uniquement sur le compte du copropriétaire débiteur ;
- En cas de vente de parties communes, retenir le montant de l’impayé avant la remise de la quote-part du prix de la vente.
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