Mais pourquoi le métier de gestionnaire de copropriété n’a pas grand succès ? (la suite)

15/10/2019 Actions Action

Nous avons publié le 27 août dernier un article expliquant pourquoi le métier de gestionnaire de copropriété n’attirait pas, provoquant entre autre un turnover important des gestionnaires au sein des cabinets mettant en difficulté l’administration des immeubles (voir l’article : Mais pourquoi le métier de gestionnaire de copropriété n’a pas grand succès ?).

A la suite de cet article, nous avons reçu de manière indirecte l’intervention de monsieur Gilles Frémont, président de l’Association Nationale des Gestionnaires de Copropriété (ANGC), dont voici la reproduction intégrale :

« L’ANGC déplore que cet article de l’ARC - Association des Responsables de Copropriété fasse passer les Gestionnaires de copropriété pour des pantins ignorants manipulés par des employeurs sans scrupule. Les Gestionnaires de copropriété que nous représentons nous ont fait part de leur vive déception à la lecture de cet article caricatural et blessant dans lequel ils ne se reconnaissent absolument pas. Les Gestionnaires de copropriété sont bien au contraire des professionnels au profil très autonome, qui aiment la polyvalence de leur métier et la revendiquent. Il eut été préférable de solliciter nos témoignages avant de rédiger l’article et non pas après. Nous sommes même disposés à ouvrir nos portes et vous faire vivre nos journées pleines et intenses, pour s’enquérir de la vraie vie des Gestionnaires, loin des clichés. Comme chacun le sait, la pénurie de Gestionnaires et la surcharge d’immeubles, qui sont des questions sensibles pour nous, sont liées à une multitude de facteurs qu’il serait impossible ou sinon très hasardeux de résumer dans un article aussi simpliste et sommaire que celui-ci. L’ANGC travaille sur ces questions de fonds avec l’ensemble des acteurs, y compris les associations de copropriétaires ouvertes à un dialogue constructif et mesuré. »

Bien évidemment, nous lui avons répondu brièvement à travers l’envoi d’un mail.

Avant de le présenter, précisons clairement notre analyse, évitant tout malentendu de bonne ou de mauvaise foi de certains…

I. Un gestionnaire au four, au moulin et surtout à la caisse

Avant d’apporter des précisions sur l’article publié, il est intéressant de constater qu’en parallèle de « l’indignation » du président de l’ANGC, nous avons relevé un nombre important de gestionnaires qui ont « applaudi » l’article à travers notre compte LinkedIn ou bien qui nous ont envoyé des messages de soutien.

Point intéressant, il s’agit surtout de personnels émanant de grands groupes.

Alors oui, il existe un malaise de la profession qui peut être plus ou moins important en fonction de la recherche de productivité que souhaite mettre en place le gérant du cabinet ou du groupe.

Mais allons plus loin et encore une fois en restant factuels à partir d’éléments déjà publiés mais qui à priori n’étaient pas suffisamment étayés par des pièces.

Nous avons publié l’abus 4529 s’intitulant Une étude fort intéressante de l’Argus de l’assurance.

Cet abus démontrait que lorsqu’un courtier en assurance standard générait un chiffre d’affaire par salarié entre 161 000 et 166 000 euros, les courtiers en assurance de syndics produisaient quant à eux plus du double, voire le triple, soit 276 000 et 483 000 euros par salarié.

Voici la preuve en image à partir d’un imprime-écran de la revue :

actu

 Pour une meilleure lecture, nous reprenons les informations indiquées :

actu

 Comment expliquer ce phénomène ? Les salariés qui travailleraient pour un courtier en assurance de syndic seraient-ils plus performants ? Ou bien tout simplement que le gestionnaire de copropriété est appelé à réaliser des tâches qui devraient être assurées par un employé du cabinet de courtage, expliquant alors les résultats extraordinaires affichés par les courtiers en assurance de syndic.

Il s’agit là d’un exemple épatant de comment les gestionnaires sont utilisés pour augmenter les résultats du groupe quitte à rogner sur la gestion des copropriétés.

Mais nous sommes encore loin du pire car il faut le savoir, les chambres professionnelles souhaitent que l’on donne la possibilité aux syndics de vendre en parallèle de leur mandat des contrats de prestation de services en tout genre à leurs copropriétés mandantes.

Les projets de prestations sont nombreux, impliquant une vigilance accrue de l’ARC et du conseil syndical.

Ceci étant, le commercial qui devra placer les contrats en assemblée générale, assurer le suivi, le service après-vente, les réclamations sera encore une fois le gestionnaire de copropriété qui rappelons-le se plaint déjà de ne pas avoir suffisamment de temps pour gérer la copropriété, assurer les visites de l’immeuble, faire le suivi des travaux ou des sinistres, ou encore convoquer l’assemblée générale dans des délais raisonnables.

Alors oui ! Il faut que l’autruche sorte sa tête du sable et dénonce haut et fort le malaise de la profession et arrête de dire que tout est à cause de l’ARC !

Le chien qui se fait battre n’attaque pas le bâton, mais la personne qui le tient.

II. La réponse de l’ARC au président de l’ANGC

Voici la réponse de l’ARC envoyée par mail au président de l’ANGC :

 

« Bonjour,

 

Madame …, responsable du Service Juridique à l’ARC, m’a transmis votre mail auquel il est effectivement nécessaire de répondre.

Ceci étant, au préalable, je tiens à vous préciser deux points importants et à rappeler :

  • Tout d’abord, nous n’alimentons aucune polémique ou débat sur notre page LinkedIn. L’objet de cet outil est pour nous uniquement de diffuser nos productions au-delà de notre site internet.
  • Nous avons sollicité à plusieurs reprises une réunion d’échanges avec le président de l’association ANGC qui, après avoir accepté, a à la dernière minute annulé sans nous proposer d’autres dates. Par conséquent, nous avons bien essayé d’entamer un dialogue avec ceux qui se présentent comme étant représentatifs des intérêts des gestionnaires, mais qui dépendant de votre volonté, n’a pas abouti.

Avant d’apporter un éclaircissement sur l’article publié, je constate que sur plus de 3 000 vues seule une trentaine de commentaires dirons-nous hostiles à notre égard a été rédigée, impliquant qu’une grande majorité des lecteurs considère que notre article n’est pas si caricatural.

Sur le fond, vous contestez les affirmations indiquées dans notre article tout en précisant que « la pénurie de gestionnaire et la surcharge d’immeubles sont des questions sensibles » confirmant qu’il existe bien une difficulté qui trouve notamment son origine dans le nombre important de copropriétés que doit administrer les gestionnaires.

Vous ajoutez à cela que « une multitude de facteurs » existe, validant encore une fois un malaise de la profession qu’il faut dénoncer.

J’ajoute que l’ARC connaît bien le métier de syndics et les enjeux économiques auxquels ils doivent faire face ainsi que le métier de gestionnaire sachant que nous échangeons avec de nombreux syndics professionnels et gestionnaires qui, pour certains, ont été embauchés au sein de notre association.

Nous serions ravis d’entendre, voire de publier votre analyse sur les difficultés liées au métier de gestionnaire et aux filiales de syndics, ainsi que les solutions que vous préconisez pour y remédier.

A ce titre, je réitère officiellement ma demande de réunion avec un des représentants de votre association et même suis disposé à vous inviter à notre salon annuel pour exposer votre vision sur la collaboration qu’il doit y avoir entre le gestionnaire et le conseil syndical.

Pour éviter toute ambiguïté, je tiens à vous préciser que nous envisageons de publier une suite à l’article en question afin de mieux présenter notre vision qui n’attaque pas les gestionnaires, mais la politique commerciale notamment des grands groupes.

J’en profiterai pour publier votre réaction, ainsi que ma réponse. »

Ce qui est intéressant à préciser est que le mail envoyé date du 5 septembre dernier et que depuis c’est silence radio.