Nouvelle contrainte pour les copropriétaires : l’obligation d’installer un thermostat dans son logement
Dans le but de poursuivre son objectif de diminution de la consommation énergétique, le gouvernement a décidé d’obliger les copropriétaires à installer un thermostat dans leur logement. Cette obligation fait suite au décret n°2023-444 du 7 juin 2023 qui a créé l’article R241-31-1 du code de l’énergie
I - Le contenu législatif
L’article R241-31-1 du code de l’énergie, créé par le décret n°2023-444 du 7 juin 2023, dispose que dans tous les logements, les systèmes de chauffage et de refroidissement soient équipés d’un système de régulation pièce par pièce ou par zone de chauffage de la température intérieure à partir du 1er janvier 2027.
Le système de régulation de l’installation de chauffage doit permettre une régulation automatique selon un pas minimum horaire.
Il doit également permettre la commande manuelle et la programmation de la température intérieure de consigne selon, au moins, les quatre allures suivantes : confort, réduit, hors gel et arrêt.
II - Fonctionnement d’un thermostat
Un thermostat a pour objectif de réguler la consommation énergétique destinée au chauffage du logement. Réguler le chauffage signifie consommer uniquement l’énergie nécessaire pour assurer les besoins en chauffage.
Le principe est de régler la température du logement selon les envies et les habitudes et de la maintenir quelles que soient les conditions climatiques extérieures.
La régulation classique
Longtemps, la régulation s’est faite manuellement en allumant ou en éteignant les radiateurs selon le ressenti ou en cas d’absence. Des thermostats mécaniques peu précis ont ensuite été mis en place puis des thermostats bilames permettant de moduler la chaleur émise par le radiateur.
Ces thermostats agissent simplement sur la puissance de chauffe du radiateur selon plusieurs niveaux : 0, 1, 2 ou 3.
Dorénavant, la régulation se fait de manière plus optimale avec l’apparition de thermostats avec sonde électronique mesurant la température de la pièce. Ces thermostats permettent d’adapter le chauffage à la température souhaitée en ne faisant fonctionner les radiateurs que lorsque cela est nécessaire.
Le chauffage est donc régulé, des coupures et des déclenchements ont lieu de manière automatique afin de garder une température constante proche de la consigne donnée.
Il est à noter que l’efficacité de la régulation dépend du type de radiateurs électriques installés : elle sera beaucoup plus importante si les radiateurs sont à inertie que sur de simples convecteurs.
La régulation programmée
Afin d’optimiser la consommation de chauffage, il est possible d’installer un programmateur pour bénéficier d’une régulation centralisée. Il permet de choisir des plages horaires avec par exemple un réduit de nuit de 2°C de 22h à 6h.
Il est également possible de créer plusieurs zones dans le logement afin de différencier les pièces de vie des chambres ou des salles d’eau, qui ne demandent pas les mêmes besoins en chauffage au même moment.
Ces programmateurs centralisés peuvent être de type filaire en reliant les radiateurs entre eux via un fil pilote ou connectés, la régulation se fait alors à distance via des ondes radio.
Le thermostat doit être placé à l’abri des sources de chaleur et des courants d’air à 1m50 du sol. En cas de programmation connectée, il est conseillé de le positionner à distance du reste des appareils électroniques du logement.
La régulation programmable voir connectée permet donc de réaliser des économies grâce à une optimisation de sa consommation énergétique. La technologie ne suffit pas à elle seule à apporter ces économies, elle doit être couplée à une évolution des comportements.
Il est également à noter que la mise en place de thermostat est prise en compte dans le calcul énergétique du DPE.
III - Modalités d’application
Toutes les copropriétés sont concernées par cette obligation, qu’elles soient en chauffage collectif ou individuel. Cependant les modalités techniques ne seront pas les mêmes comme nous allons le voir.
Chauffage individuel
Le chauffage individuel peut exister sous de nombreuses formes mais nous le diviserons ici en deux catégories : les radiateurs à eau chaude et les radiateurs électriques.
Les radiateurs à eau sont la plupart du temps raccordés à une chaudière gaz mais ils peuvent aussi être raccordés à une pompe à chaleur air/eau. Les chaudières les plus récentes intègrent généralement directement un thermostat. Pour les autres, il est conseillé de confier l’installation à un professionnel, par exemple celui chargé de l’entretien annuel de la chaudière.
Pour les radiateurs électriques, les équipements récents proposent généralement une option avec thermostat programmable.
Pour équiper son logement à moindre frais, les copropriétaires peuvent se tourner vers la solution d’Engie qui a développé un service appelé « Mon Pilotage Elec » permettant aux personnes qui s'en équipent de contrôler à distance leurs radiateurs et ainsi de mieux maîtriser leur consommation d’électricité.
Comme pour une régulation connectée classique, des capteurs de température sont installés dans chaque pièce, et des modules de pilotage connectés sont installés sur chaque radiateur.
Ces modules sont reliés par le wifi à une application ou à un ordinateur avec lequel le copropriétaire peut définir les consignes de chauffage souhaitées, pièce par pièce et également de mettre en place des plages horaires comme avec un programmateur classique.
L’offre est gratuite car financée par RTE, le Réseau de Transport d'Electricité. Il y a cependant un inconvénient à cela : Mon Pilotage Elec’ donne le droit à RTE de baisser ponctuellement les cycles de chauffage des radiateurs des copropriétaires pour soulager le réseau électrique français en cas de pic de consommation.
Ce décalage est limité à 1°C pendant 15 min maximum ce qui n’est que peu perceptible. Pour en bénéficier, le logement doit posséder un minimum de 3 radiateurs. Il est également possible d’en sortir sans frais.
Chauffage collectif
En chauffage collectif, les copropriétaires n’ont pas la main sur la régulation de la chaudière ou tout autre élément de production de chaleur. La solution la plus simple pour se conformer à la législation est d’installer des robinets thermostatiques programmables sur chacun des radiateurs.
Une autre solution pourrait être de se tourner vers une des nouvelles technologies pour individualiser les frais de chauffage de la copropriété comme celle proposée par l’entreprise Kocliko.
IV - Les dérogations
Les principales dérogations à cette obligation sont d’ordre technique et économique.
Logiquement, si l’installation de chauffage n’est pas compatible avec la mise en place de thermostats programmables, les copropriétaires en sont exemptés.
L’article R241-31-1 cite le cas où le « système de chauffage est un appareil indépendant de chauffage pour lequel l'alimentation en combustible n'est pas automatisée ». Cette situation est assez rare en copropriété mais peut concerner certaines chaudières biomasses.
Le cas le plus courant en copropriété est celui des planchers chauffants électriques pour lesquels les copropriétaires n’ont aucun moyen de régulation.
D’un point de vue économique, la dérogation s’applique de la même manière que pour l’individualisation des frais de chauffage : la copropriété doit apporter une étude montrant un retour sur investissement supérieur à 10 ans en prenant pour hypothèse un gain énergétique de 15%.
Il est cependant assez probable que l’obligation d’installer un thermostat ne soit suivie ni de contrôles ni de sanctions, les copropriétaires doivent donc surtout évaluer l’intérêt de cette technologie plutôt que de se précipiter pour se mettre en conformité.
V - Les subventions
Le gouvernement a mis en place une subvention spéciale pour l’installation de thermostats connectés pour les copropriétaires en chauffage individuel. Cette prime, appelée « coup de pouce pilotage connecté du chauffage pièce par pièce », est disponible jusqu’au 31 décembre 2024.
Après cette date, la fiche CEE correspondante, nommée BAR-TH-173, sera toujours disponible jusqu’au 1er janvier 2027 mais sans coup de pouce.
Pour les copropriétés en chauffage collectif, la fiche CEE BAR-TH-117 permet de subventionner en partie l’installation des robinets thermostatiques.